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Libération
Inégalités des sexes

Chez les enfants aussi, les filles en font plus que les garçons à la maison

Une étude publiée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) ce mercredi 18 décembre fait apparaître la répartition disproportionnée des taches dès le plus jeune âge. Le phénomène est encore plus marqué dans les classes populaires.
Un jeune enfant enlève le linge d’une machine à laver. (Sergey Mironov/Getty Images)
publié le 18 décembre 2024 à 10h10

Il y a encore du travail, et pas seulement chez les adultes. «Les filles en font plus que les garçons» à la maison, selon une étude sur la répartition des tâches domestiques chez les enfants de 10 ans, publiée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) ce mercredi 18 décembre. Si 90 % des 7 000 enfants interrogés dans le cadre de l’étude déclare mettre la table ou s’occuper des animaux de temps en temps ou tous les jours, les résultats varient selon le genre : «les filles réalisent plus de tâches domestiques que les garçons, comme aider à la cuisine, s’occuper du linge ou ranger sa chambre», pointe Anne Solaz, chercheuse à l’Ined et coautrice de l’étude.

Environ 70 % des filles interrogées aident à plier ou étendre le linge de temps en temps, contre un peu plus de 50 % des garçons. «C’est un miroir de ce qu’on observe chez les parents, où les tâches intérieures et routinières sont plutôt réalisées par les femmes», poursuit-elle.

Les résultats montrent également l’influence du milieu social : «les filles d’agriculteurs et d’ouvriers participent plus» à l’entretien du foyer. Par exemple, les filles dont le père est agriculteur participent à un peu plus de 5,8 tâches proposées par l’enquête en moyenne contre 5,4 en moyenne pour les filles de cadre.

«On ne sait pas trop d’où ça vient», admet Anne Solaz au sujet de ce phénomène précis. D’après elle, ces familles pourraient constituer un modèle plus «traditionnel», au sein duquel «les filles reproduisent ce que fait leur mère».

Le poids des origines sociales

Autre résultat notable : les enfants uniques participent moins aux tâches domestiques que ceux ayant des frères et sœurs. Dans près de 33 % des familles de trois enfants ou plus, les filles et les garçons rangent régulièrement leur chambre, contre moins de 20 % des familles avec un enfant unique.

Enfin, «contrairement à ce que l’on pourrait penser, les parents célibataires ne sollicitent pas davantage leurs enfants que les parents vivant en couple», souligne le communiqué accompagnant l’étude. Parmi les explications possibles, Anne Solaz évoque le fait que «les mères», surreprésentées dans les familles monoparentales, «ne veulent pas faire peser sur leurs enfants leur situation familiale».

Les «caractéristiques familiales» ne peuvent expliquer à elles seules les disparités observées dans les foyers, tempère la chercheuse, rappelant le rôle essentiel joué par les «représentations genrées dans la société».