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Libération
Pression

Colère des agriculteurs : la FNSEA annonce des actions «toute la semaine», plusieurs blocages en Occitanie

Les agriculteurs en colèredossier
Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, a annoncé ce lundi 22 janvier que des actions seraient menées «dans tous les départements» et «toute la semaine» tant que l’exécutif n’entendra pas «leur ras-le-bol». Les syndicats du secteur étaient reçus à Matignon à 18 heures par le Premier ministre Gabriel Attal.
Des agriculteurs bloquant l'autoroute A64 près de Carbonne, au sud de Toulouse, samedi. (Ed Jones/AFP)
publié le 22 janvier 2024 à 9h36
(mis à jour le 22 janvier 2024 à 17h29)

C’est ce qu’on appelle mettre la pression. Arnaud Rousseau, le président du premier syndicat agricole français, la FNSEA, a annoncé ce lundi 22 janvier sur France Inter le lancement dans toute la France d’actions d’agriculteurs. Ces derniers appellent le gouvernement à entendre leur «ras-le-bol» et leur «colère». «Je peux vous dire que dès aujourd’hui et toute la semaine et aussi longtemps qu’il sera nécessaire, un certain nombre d’actions vont être menées», a-t-il déclaré, alors que plusieurs blocages ont déjà lieu en Occitanie. Ces actions concerneront «chaque département», précise-t-il. La FNSEA et le syndicat des Jeunes agriculteurs (JA) étaient justement reçus à Matignon à partir de 18 heures par le Premier ministre Gabriel Attal.

Les accès à la centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, sont bloqués depuis ce lundi matin par des agriculteurs, selon la gendarmerie, tandis que l’autoroute A64 est toujours coupée en Haute-Garonne, à hauteur de Carbonne. L’autoroute reste coupée à cet endroit pour la cinquième journée consécutive, des manifestants ayant installé un campement de fortune depuis jeudi soir sur cette voie reliant Toulouse à Bayonne. Même constat du côté de l’Autoroute A62. Au niveau d’Agen où les agriculteurs ont rallié un convoi d’au moins 200 tracteurs pour une opération de blocage. Dans les Hautes-Pyrénées, des perturbations sont signalées également sur l’A64, du côté de Lannemezan et Tarbes.

En réaction, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a assuré les agriculteurs de son soutien en ce «moment difficile dans leur vie professionnelle», tout en les appelant à «respecter le bien commun». «Il n’est pas prévu d’évacuation par les forces de l’ordre, en tout cas ce sont les consignes que j’ai données au préfet et au directeur général de la gendarmerie, puisqu’il n’y a pas de dégradation sur ce site», a affirmé le ministre.

Plus tôt ce lundi, la gendarmerie des Pyrénées-Orientales avait averti que des agriculteurs devaient «se rassembler vers 10 heures à hauteur du péage de Perpignan Sud». Aux alentours de midi, les agriculteurs et leurs tracteurs et autres engins agricoles se sont rassemblés au péage et ont commencé leur action de blocage. Plusieurs syndicats sont représentés tels que les Jeunes Agriculteurs (JA) ou encore la FNSEA.

Si le gouvernement n’est «pas au rendez-vous» face à la colère des agriculteurs, «on peut être à l’aube d’un gros mouvement agricole», a déclaré séparément lundi matin Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs, alliés de la FNSEA. «Pour atteindre nos objectifs, la violence n’est pas une réponse», a-t-il ajouté, en réponse à une question sur plusieurs actions violentes récentes.

Le Premier ministre Gabriel Attal, confronté à sa première crise depuis sa nomination le 11 janvier, devait recevoir à 18 heures la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, qui dénoncent des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes. Ils réclament notamment «l’application de la loi Egalim», qui doit garantir un juste prix aux agriculteurs, des compensations financières face à l’augmentation des normes environnementales et à la concurrence internationale, a détaillé Gaillot, éleveur de vaches laitières, interrogé sur France 2.

Nouveau report du projet de loi agriculture

Le projet de loi sur l’agriculture, plusieurs fois reporté, l’a de nouveau été par le ministre de tutelle Marc Fesneau qui a annoncé dimanche sa présentation en Conseil des ministres dans «quelques semaines». Depuis jeudi soir, plusieurs dizaines d’exploitants bloquent l’autoroute A64, qui relie Toulouse à Bayonne, à hauteur de Carbonne, en Haute-Garonne. «Malheureusement, j’ai bien peur que si le gouvernement, encore une fois, n’est pas au rendez-vous […] ça va en appeler d’autres [blocages, ndlr], et ça va faire tache d’huile», a ajouté Gaillot, évoquant un «ras-le-bol général» et un «malaise global dans le monde agricole».

Jérôme Bayle, éleveur de bovins à Carbonne (Haute-Garonne) et initiateur du mouvement dans la région, a déclaré en parallèle sur RMC ne s’attendre à «aucune mesure concrète ce soir». «On ne partira pas juste sur des paroles, je le dis et je le répète : je veux que M. Attal vienne dans la région Occitanie avec des mesures concrètes et une grosse preuve de soutien au monde agricole français.» Selon l’éleveur du Sud-Ouest, un incendie a été allumé tôt lundi sur le point de blocage par «des personnes mal intentionnées», vite éteint et sans «aucun dégât».

«Le but n’est pas de mettre une pagaille dans le pays», selon Arnaud Gaillot, qui regrette être «dans un pays où si on n’en arrive pas là, c’est compliqué de se faire écouter». «Je ne pense pas qu’on sera des gilets jaunes. Je pense qu’on peut être à l’aube d’un gros mouvement agricole s’il n’y a pas de réponse», a-t-il ajouté, évoquant les agriculteurs d’autres pays européens qui mènent des actions similaires.

Mise à jour, à 18 h 13 avec l’arrivée des syndicats à Matignon.