Derrière son masque, on le perçoit à ses yeux, Carole Ettori a le sourire vissé aux lèvres. «Bonjour, je suis en colère !» lâche-t-elle, d’une voix enjouée, avant de démarrer ses consultations. C’est son boulot, juge-t-elle, d’être en forme, avenante, soutenante, alors elle joue le jeu. Mais sa réalité est tout autre. Elle enchaîne les rendez-vous et refuse de rogner sur ce temps dédié à ses patientes pour souffler. Résultat, un plat cuisiné vite avalé le midi et des heures supplémentaires non comptabilisées le soir afin de remplir la montagne de paperasse qu’on exige d’elle. Derrière son bureau, une petite affiche donne un indice sur son état d’esprit : «Halte au mépris de la santé des femmes et des sages-femmes».
Au gré des rencontres avec les professionnelles du centre hospitalier de Valence (Drôme), une phrase revient quasi-systématiquement : «Vous savez que 50% des sages-femmes veulent changer de métier ?» Un chiffre (en réalité, 55% ont déjà envisagé d’en changer, selon le Conseil de l’ordre) cité pour balayer tout doute : le problème est systémique, pas juste un petit coup de mou individuel et ponctuel. Pour la troisième fois depuis le début de l’année, les maïeuticiennes et maïeuticiens (les hommes représentent 2,8% de la profession) sont appelés, ce mercredi, à faire grève – même si les consultations sont maintenues – et une délégation doit s’entretenir, en visio, avec le ministère de la Santé. Leurs revendications : une reconnaissance de leur st