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Libération
Reportage

«Comme la fin d’une vie», le deuil des personnes âgées au temps du Covid-19

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La vieillesse, une maladie ?dossier
Depuis le début de la crise sanitaire, les personnes âgées ont été les plus tuées par le coronavirus. Elles laissent derrière elles des conjoints endeuillés. «Libération» a rencontré Monique, Carmen et Marie, qui témoignent du deuil impossible de leur mari en pleine pandémie.
Carmen, le 28 juin à Franconville (Val-d'Oise), a perdu son compagnon à cause du Covid. (Lucile Boiron/Libération)
par Cassandre Leray et photos Lucile Boiron
publié le 4 juillet 2021 à 16h32

Il neigeait le jour où elle a appris la nouvelle. Le 24 janvier, entre les murs de sa maison, Monique se met à hurler. «Comme une folle», elle s’époumone, sans que personne ne l’entende. L’hôpital vient de l’appeler pour lui annoncer que son mari est mort du Covid-19. «J’ai eu l’impression qu’on me transperçait», souffle cette femme de 72 ans. Il est 7 heures. Elle sort de chez elle à toute vitesse, mais les routes de son village normand sont recouvertes de glace. Alors elle attend. Seule. Elle sait qu’elle ne pourra plus prendre la main de Marcel, comme elle le faisait à chaque fois qu’elle se promenait avec lui.

Elle ne parvient à se rendre à l’hôpital qu’en début d’après-midi. Emmitouflée dans son manteau d’hiver, elle embrasse une dernière fois l’homme qu’elle aime, emballé dans une housse en plastique sur son lit. Elle ne le reverra plus. A la seconde où elle sort de la chambre, «c’est terminé. Il est mis dans un cercueil, presque nu, comme un pestiféré». En mars, les amoureux – «c’est le surnom que nous donnaient nos amis» – auraient fêté les 30 ans de leur rencontre.

Depuis le début de la pandémie, plus de 110 000 personnes sont mortes du Covid-19 en France. Parmi elles, de nombreuses personnes âgées. Il y a aussi celles et ceux qui restent. Comme Monique, Carmen ou encore Marie (1). Elles sont âgées de 72, 75 et 87 ans