C’est un jeudi de juillet 2024, en fin d’après-midi. Lucile, mère célibataire de 36 ans, roule sur la nationale 126. A l’arrière de sa voiture, sa petite dernière de 3 ans. Et quelques centaines de mètres devant, dans le bus qui fait la liaison entre Toulouse et Castres, son aînée, Maëlle, qui ignore que sa mère la suit. Plus tard, Lucile se dira que «ce jour-là, c’était du grand n’importe quoi». Mais pour l’instant, elle est obsédée par une idée : découvrir qui est celui qui prostitue sa fille de 14 ans. «Je voulais avoir une plaque de voiture ou une photo. J’étais même prête à le suivre jusque chez lui.» Lucile profite d’une bifurcation du bus pour le dépasser et se planquer en face de la gare routière de Castres. Maëlle finit par apparaître. Lucile l’observe de loin. Mais à l’arrière, sa cadette a besoin de faire pipi. Lucile doit mettre fin à sa filature, sans avoir vu le proxénète de sa fille. Elle raconte cet épisode dans sa maison de Cuq-Toulza, un petit village du Tarn, près de Toulouse. «Ça a été un déclic pour moi. Je me suis dit : “Ça va trop loin.” Si j’avais vu ce type, j’aurais pu avoir un coup de folie. Je me suis dit : “J’arrête. Ce n’est pas à moi de faire ça.” Le lendemain, Maëlle m’a annoncé qu’elle partait.» Elle n’est toujours pas rentrée. Lucile ne sait pas où elle est, ni avec qui. «Vivre ça seule, c’est un enfer. Je n’en dors plus.»
Combien de Maëlle, à travers la France ? Le service statistique ministériel de la sécurité in