A Beaumont-de-Lomagne, la halle engloutit toute la place centrale. Sol caladé, toit imposant soutenu par une charpente séculaire et des poutres épaisses en chêne et, tout autour, la vie commerciale de ce grand bourg du Tarn-et-Garonne. Il y a la pharmacie, le fleuriste, des cafés à l’ombre d’arcanes, la supérette, le pâtissier, et l’Epi d’or. C’est la boulangerie. Le pain y est bon. La baguette se vend un rien. Le samedi, quand la halle coiffe le marché et que le monde se presse à Beaumont, une longue file s’étale devant l’échoppe. On dirait une procession.
En ce début avril, les rideaux sont tirés. Des affiches font la réclame d’événements passés, le loto de l’école de Larrazet et le grand concert de l’école de musique du coin. Un dessin d’enfant et un bouquet de roses, minuscule, ont été déposés sur le sol devant la porte. Depuis près de trois semaines, elle reste close. Collée sur la vitre, l’affiche annonçait une réouverture le 24 mars après les congés du couple de boulangers et, désormais, il y a inscrit : «fermeture à durée indéterminée». Qu’écrire d’autre, puisque les Blond, Laurent et Véronique, ont disparu sans laisser la moindre trace ?
Parti avec la plus jeune de leurs deux filles à Madère, le couple a loué à la mi-mars une villa à Sao Vicente