Menu
Libération
Témoignages

Covid-19 : «Dès qu’un proche est hospitalisé, les familles ne sont plus maîtres de rien»

Article réservé aux abonnés
«Libération» a recueilli les témoignages d’une dizaine de femmes dont les proches ont étés hospitalisés après avoir contracté le virus. Toutes ont souffert de l’impossibilité de maintenir le lien avec leur proches à l’hôpital.
Photo d'illustration. (Emmanuel PIERROT/Photo Emmanuel Pierrot pour Lib?)
publié le 14 février 2021 à 10h47

«Dès l’instant où mon mari est sorti de la maison, je ne l’ai jamais revu.» Derrière le combiné, Jacqueline peine à contenir son émotion. Son mari, décédé en décembre dernier, compte parmi les 80 803 personnes tuées par le Covid-19 en France depuis le début de la pandémie. Comme la plupart des familles de victimes, cette habitante des Vosges en est sortie traumatisée.

Son cauchemar commence en novembre dernier, quand son mari, âgé de 77 ans, est admis à l’hôpital pour être opéré du pied. C’est là qu’il aurait été infecté par le Covid-19. Jacqueline est alors informée qu’elle ne peut plus lui rendre visite. «J’ai appelé de nombreuses fois pour avoir de ses nouvelles. Je voulais m’assurer que le personnel soignant avait mis le téléphone portable de mon mari à charger pour que je puisse le joindre moi-même», explique Jacqueline, qui se rappelle avoir eu beaucoup de mal à joindre les médecins. «Le service Covid sonnait occupé presque tout le temps. Au moment où j’ai finalement eu quelqu’un au bout du fil, on m’a répondu avec agacement : ’'Madame, vous pensez qu’on a que ça à faire de gérer les téléphones des gens ?’'». Finalement, les soignants lui donneront des nouvelles laconiques de temps en temps mais elle ne parviendra jamais à avoir son mari directement au bout du fil.

«Ça sonnait dans le vide»

Jacqueline n’est pas la seule à avoir pris de plein fouet la gestion des services d’hôpitaux débordés par les évènements. Au plus fort de la première vague, Colette en a auss