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Libération
Reportage

Crise agricole : dans les Cévennes, «on nous matraque avec des arrêtés préfectoraux, des déclarations de pompage ou de prélèvements»

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Producteur d’oignons doux, Philippe Boisson participe à la mobilisation des agriculteurs. Il pointe les effets du réchauffement, la hausse des charges et l’étranglement financier des exploitants.
Des oignons cévenols. (Eric Teissedre/Photononstop. AFP)
par Sarah Finger, correspondante à Montpellier
publié le 31 janvier 2024 à 17h00

Installé depuis 2001 à Sumène (Gard), ce producteur d’oignons ne veut pas pleurer sur sa propre situation. «Comme 80 familles, nous cultivons ici l’oignon doux des Cévennes, une AOP qui s’invite sur les grandes tables de France, explique Philippe Boisson, 48 ans, président de la coopérative Origine Cévennes. Nous exportons aussi en Allemagne, au Danemark, en Italie, en Espagne… C’est un produit de niche et d’exception, et nous maitrisons toute la filière.»

Non : si Philippe Boisson a rejoint le cortège des mécontents, ce jeudi à Nîmes, ce n’est pas tant pour lui que pour tous les petits agriculteurs écrasés, dit-il, sous le poids des contraintes : «Le coût de l’électricité a augmenté de 44 % en trois ans. Les charges grimpent mais impossible de les répercuter sur le prix de nos produits. Les agriculteurs n’arrivent plus à rembourser leurs dettes, à se dégager un revenu suffisant, à partir en vacances une semaine par an…» Et dans le sud, un facteur supplémentaire pèse lourdement sur les terres : «On doit composer depuis deux ans avec la sécheresse ; on subit le changement climatique encore plus vite qu’ailleurs, affirme le cultivateur. Les récoltes sont mauvaises ; p