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Libération
Reportage

Crise en Nouvelle-Calédonie : à Nouméa, «on n’est pas là pour sortir les armes»

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La capitale de l’archipel a vécu mercredi 15 mai une nouvelle journée de tensions. Les barricades tenues par de jeunes Kanaks font de la ville un labyrinthe, tandis que des habitants d’origine européenne s’organisent en brigades.
Un blocage à Nouméa, le 16 mai 2024. (Cedric Jacquot/AP)
publié le 16 mai 2024 à 11h46

Sur cette petite portion de route, le décor verdoyant de la presqu’île de Nouville n’a plus cours. Dans ce quartier de l’ouest de Nouméa, ce jeudi 16 mai, le long de deux bâtiments pillés, la ligne droite est devenue une série de chicanes. Les voitures contournent une rangée de pierres, puis une carcasse de voiture surmontée d’un drapeau indépendantiste, puis des grilles, puis des carcasses fumantes… Un jeune homme ramasse un bidon, le jette dans les flammes et manque de se faire surprendre par la flambée. Roulant au pas, les conducteurs finissent par traverser le labyrinthe : la dizaine d’hommes qui tient le barrage insiste sur le caractère «filtrant» et non bloquant de ce dispositif quelque peu inquiétant installé lundi, jour de l’embrasement de la ville. Parmi les hommes, certains sont tellement ivres qu’ils tiennent à peine debout.

«Il y a beaucoup d’alcool», regrette une habitante des squats du Kuendu, occupée à remplir des bidons au point d’eau commun, en compagnie de deux autres femmes. Elle dit toutefois sa reconnaissance envers les jeunes du barrage, qui «protègent» l’entrée de Nouville. Evelyne (1), 57 ans, Kanake originaire de Hienghène, dans le nord du Caillou, n’a pas peur des militaires mais des «milices» qui s’organisent dans d’innombrables quartiers, rues, réside