«Vous savez ce qu’on cuisine aujourd’hui ? De la pizza !» Olivia, aide-soignante, montre ensuite du doigt les ingrédients posés sur la table. «C’est quoi ces boules vertes ?» interroge l’aide-soignante. «Des cornichons ?» tente Henriette. «On peut en faire de l’huile…» donne pour indice Loïc, le psychologue. Des olives vertes, mais aussi des champignons, du jambon, de la tomate, du fromage, de la pâte… Ces ingrédients, essentiels à la conception de la spécialité italienne, vont surtout servir de terrain de jeu à neuf résidents de l’Ehpad Michel-Grandpierre à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) ce mardi de janvier. La structure privée à but non lucratif leur propose de cuisiner eux-mêmes, plusieurs fois par mois, le plat principal ou le goûter qu’ils dégusteront ensuite. Une activité qui permet de rompre avec l’infantilisation des personnes âgées en inversant les rôles – d’aidés, ils deviennent aidants – et de faire appel à des réflexes qu’on aurait tort de croire totalement disparus de leur mémoire.
A l’aise dans sa polaire bleue, Jeannine s’applique à découper des carrés de jambon mais n’hésite pas à piocher dans le plat. «C’est assez chouette de les voir picorer. Cet atelier permet d’ouvrir leur appétit alors que beaucoup ont des troubles alimentaires», relève Olivia. Alors que la nourriture est pour beaucoup l’un des derniers plaisirs du quotidien, 270 000 personnes âgées en Ehpad souffrent paradoxalement de dénutrition, selon