Cinq jours après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido à Mayotte, Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi 19 décembre un «deuil national pour ce lundi 23 décembre». «Nous partageons tous la peine des Mahorais», a dit le chef de l’Etat sur X. «Nos drapeaux seront en berne. Tous les Français seront invités à se recueillir à 11 heures», a-t-il ajouté depuis l’archipel français de l’océan Indien. «Il est vraisemblable qu’il y ait beaucoup plus de victimes» que les 31 «officiellement décomptées à date», a-t-il indiqué devant la presse. «On va pouvoir identifier des victimes supplémentaires, leur mettre un nom, pouvoir, leur rendre hommage» grâce à la mission de recensement mise en place par le préfet auprès des maires et des autorités religieuses, a-t-il ajouté.
Plus tôt, Emmanuel Macron a déclaré qu’il voulait «rebâtir» Mayotte, annonçant d’ailleurs l’arrivée d’une «loi spéciale» pour faciliter la reconstruction du département avec de nouveaux «critères». «On veut dans la durée qu’il n’y ait plus ces bidonvilles», a aussi indiqué le chef de l’Etat. Et d’emprunter le même chemin très droitier que Bruno Retailleau : «Il faut que tout le monde accepte qu’en termes de compétences et de règles, on change les choses» et «renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, en même temps qu’on rétablit évidemment les écoles, on reconstruit l’habitat, on reconstruit l’hôpital, etc...», a-t-il dit à des journalistes à Mamoudzou.
«Je ne peux pas laisser dire […] que l’Etat aurait ici démissionné», a ajouté le président de la République, en découvrant les dégâts dans un quartier de Mamoudzou, chef-lieu du département. «On va mettre en place un fonds d’indemnisation pour accompagner ceux qui ne sont pas assurés», a-t-il ajouté, sans en préciser l’abondement. Lors d’un échange avec des élus, le chef de l’Etat a annoncé l’approvisionnement de «toutes les communes en eau et en alimentation d’ici dimanche soir au plus tard», en précisant qu’il serait procédé pour cela à des «largages par hélicoptères».
Analyse
Arrivé dans la matinée à Mayotte, le Président avait annoncé peu après midi prolonger son séjour d’une journée sur l’archipel de l’océan Indien. «J’irai dans les bangas demain matin», a dit Emmanuel Macron au sujet de ces habitats précaires, où vivait près du tiers de la population avant le cyclone et qui ont été largement détruits. Il doit aussi atteindre des zones plus loin dans les terres, éloignés du chef-lieu Mamoudzou, a précisé l’Elysée. Dès son arrivée jeudi matin, le chef de l’Etat avait été interpellé par des Mahorais lui demandant de rester plus longtemps qu’une seule journée.
«Mahorais, on va se relever ensemble», avait déclaré peu avant le président de la République, dans un message publié sur X (ex-Twitter). Aux côtés du chef de l’Etat, une délégation restreinte est aussi arrivée pour venir en aide aux personnes touchées par la catastrophe : une vingtaine de médecins, infirmiers, logisticiens et personnels de la sécurité civile ainsi que quatre tonnes de fret alimentaire et sanitaire.
Etat de «calamité naturelle exceptionnelle»
Après une reconnaissance aérienne du territoire sinistré, Emmanuel Macron doit se rendre au centre hospitalier de Mamoudzou (CHM) et s’entretenir avec le personnel soignant et les patients pris en charge. Il se rendra ensuite «dans un quartier détruit, au contact des services de secours» mobilisés depuis le cyclone le plus intense à s’abattre sur Mayotte depuis 90 ans.
Cinq jours après la tempête, le gouvernement vient de déclarer l’état de «calamité naturelle exceptionnelle», prévu au minimum pour un mois par le gouvernement. Le blocage des prix de grande consommation a lui aussi été mis en place via un décret, paru ce jeudi matin dans le Journal officiel.
Au comptoir de Chez Pol
Interrogée sur RTL ce jeudi matin, la ministre démissionnaire de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a assuré que le gouvernement «met tout en œuvre» pour acheminer de l’eau vers les populations touchées par le cyclone Chido à Mayotte, et que l’approvisionnement sera rapidement «plus fluide». Dans un courrier adressé aux chefs de partis et aux présidents des deux chambres, François Bayrou a qualifié le passage du cyclone de «plus grande catastrophe naturelle en France ces derniers siècles».
Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 1 400 blessés ont été officiellement recensés, mais les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd dans le département le plus pauvre de France. Le préfet a donc diligenté «une mission de recherche des morts», selon le ministère de l’Intérieur, qui souligne que «70 % des habitants ont été gravement touchés».
Mise à jour à 18 h 41 avec l’ajout des déclarations d’Emmanuel Macron sur les victimes et les bidonvilles.