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Libération
Catastrophe

Mayotte : l’état de «calamité naturelle exceptionnelle» déclaré, les prix des produits de grande consommation bloqués

Cyclone Chidodossier
Le gouvernement a pris de nouvelles mesures d’urgence en soutien à l’archipel de l’océan Indien dévasté par le passage du cyclone Chido. Emmanuel Macron est arrivé sur place ce jeudi 19 décembre au matin.
Dans le bidonville de Kaweni, à la périphérie de Mamoudzou, à Mayotte, ce jeudi. (Adrienne Surprenant/AP)
publié le 19 décembre 2024 à 6h51
(mis à jour le 19 décembre 2024 à 8h52)

Un statut à la hauteur de la catastrophe. Le gouvernement français a déclaré l’état de «calamité naturelle exceptionnelle» à Mayotte, dévasté par le passage du cyclone Chido, où les secours continuent d’affluer et où le président Emmanuel Macron est arrivé ce jeudi 19 décembre au matin. C’est la première fois qu’est activé ce tout nouveau dispositif, spécialement prévu pour les territoires ultramarins.

Selon le ministère des Outre-mer, il permettra d’assurer «une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d’urgence» après le passage meurtrier du cyclone dans le département le plus pauvre de France, où un tiers de la population vit dans des logements précaires. D’une durée initiale d’un mois, le dispositif peut être renouvelé par périodes de deux mois, et «permet une plus grande réactivité aux autorités locales et nationales, tout en allégeant certaines procédures administratives», a indiqué le ministère dans un communiqué.

En outre, face à la pénurie généralisée qui sévit, le gouvernement a publié un décret pour bloquer les prix des produits de grande consommation dans l’archipel à leurs niveaux du 13 décembre, juste avant le cyclone. Sont concernés les produits comme l’eau minérale, les produits alimentaires et boissons, les piles, mais aussi les produits d’hygiène de base, du quotidien et dédiés à la construction ainsi que les aliments pour les animaux.

«Pandza ata pandza urehema. Mahorais, on va se relever ensemble», a lancé Emmanuel Macron dans un message sur X (ex-Twitter) ce jeudi matin, peu après avoir atterri sur l’archipel. Il se rendra au chevet des patients mais aussi des soignants du centre hospitalier de Mayotte (CHM), avant d’aller dans un «quartier détruit», a annoncé l’Elysée. Le chef de l’Etat emmène dans son avion des secouristes ainsi que 4 tonnes de fret alimentaire et sanitaire. Au total, plus de 100 tonnes de vivres devaient être distribuées mercredi, selon le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.

Le cyclone Chido, le plus intense qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans avec des vents à plus de 220 km/h, a frappé l’archipel le 14 décembre. Selon un bilan provisoire du ministère de l’Intérieur, il a fait 31 morts et 1 373 blessés, même si les autorités anticipent un nombre de victimes beaucoup plus important. «La tragédie de Mayotte est probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire de France depuis plusieurs siècles», a écrit le Premier ministre François Bayrou dans un courrier adressé mercredi aux forces politiques.

L’alimentation en eau et en électricité restent précaires

«On passe à la phase massive du soutien à Mayotte», a aussi déclaré Patrice Latron, le préfet de La Réunion, île d’où les autorités ont lancé un «pont maritime civil» qui devait démarrer dans la nuit avec le départ de quelque 200 conteneurs attendus dimanche sur l’archipel. Parmi ce chargement, l’équivalent de «millions de litres d’eau». Grâce à ces envois, «aucune pénurie d’eau en bouteilles n’est prévue», se sont félicitées les autorités.

L’alimentation en eau «fonctionne à 50 %» a précisé mercredi François-Noël Buffet, mais elle présente un risque de «mauvaise qualité». L’électricité, elle, n’est que «partiellement remise en route». Les routes, elles, sont majoritairement déblayées. Le système éducatif est aussi très touché : les 221 écoles, 22 collèges et 11 lycées de l’archipel «sont tous impactés. 40 % du bâti scolaire est endommagé donc pas utilisable pour l’instant», indique-t-on au ministère de l’Education nationale. Quelque 27 établissements accueillent par ailleurs 9 000 sinistrés.

Les cyclones se développent habituellement dans l’océan Indien de novembre à mars. Cette année, les eaux de surface étaient proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d’énergie aux tempêtes, un phénomène lié au réchauffement climatique observé également cet automne dans l’Atlantique Nord et dans le Pacifique.

Mise à jour : à 9h02, avec l’ajout de le message d’Emmanuel Macron sur X.