François Bayrou veut aller «plus vite» pour reconstruire Mayotte qu’à Notre-Dame. Après ses deux bévues sur Mayotte, le nouveau Premier ministre s’est invité ce mardi soir dans l’émission spéciale de France 2 consacrée à la crise sur l’archipel de l’océan indien. Pour tenter de faire amende honorable, il a annoncé une très légère hausse de la défiscalisation «pour tous les dons jusqu’à 1 000 euros à la Fondation de France» (à 70 %… contre 66 % d’ordinaire). Soulignant que la France n’a «jamais eu un effort aussi important à penser, à conduire et à financer», le chef du gouvernement a promis une «opération commando» pour reconstruire Mayotte. «On a mis cinq ans pour reconstruire Notre-Dame, je pense qu’il faut aller plus vite». François Bayrou a enfin déclaré qu’il se rendra à Mayotte dès que «Emmanuel Macron aura quitté» l’archipel et que son «gouvernement sera formé» pour «mobiliser la totalité des moyens de l’État».

La Ville de Paris annonce déployer une aide de 250 000 euros pour aider les organisations humanitaires. Lors du Conseil de Paris, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a proposé la mise en place d’une action de solidarité en soutien à Mayotte durement touché par le cyclone Chido, le plus puissant depuis près d’un siècle. «La Ville de Paris s’engage à verser dès à présent une aide de 250 000 euros pour soutenir les opérations de secours menées par les organisations humanitaires sur le terrain», a-t-il été indiqué dans un communiqué. «La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris a annoncé l’envoi de 27 sapeurs-pompiers et d’une équipe médicale sur place. Les services de la Ville recensent également les moyens matériels et humains qui pourraient être déployés pour accompagner les opérations humanitaires et de reconstruction.»

La une de Libé mercredi.

Emmanuel Macron «sera jeudi à Mayotte». Emmanuel Macron «sera jeudi à Mayotte», a annoncé mardi soir l’Elysée. Le chef de l’Etat avait affirmé lundi qu’il se rendrait dans les prochains jours sur place. Il doit aller mercredi après-midi à Bruxelles pour un sommet entre l’Union européenne et les Balkans. Jeudi, il devait initialement participer, toujours à Bruxelles, à un sommet des dirigeants de l’UE.

Dernier bilan. En fin de journée, le bilan des victimes du cyclone Chido s’élève à 22 morts et 1 373 blessés, rapporte le ministère de l’Intérieur. Les autorités redoutent «plusieurs centaines» de victimes, peut-être même «quelques milliers».

François Bayrou dit que Mayotte est hors du «territoire national» et provoque un tollé. Le Premier ministre a défendu, mardi 17 décembre à l’Assemblée nationale, son choix de se rendre la veille à Pau alors que Mayotte est dévasté par le passage du cyclone Chido. Dans la confusion, il a lâché que l’archipel était en dehors «du territoire national». Un article à lire ici.

La police lance un appel aux volontaires. Le directeur général de la police national (DGPN) Louis Laugier lance un appel aux policiers de métropole et d’outre-mer, rapporte franceinfo. Dans un télégramme, il demande «la constitution d’un vivier de volontaires pour renforcer les effectifs» des policiers à Mayotte. Les agents sur place sont en effet «tous mobilisés et également touchés à titre personnel» par la catastrophe. Quelles seront les missions des volontaires ? Sécuriser la voie publique, maintenir l’ordre, accomplir des missions de police judiciaire ou encore de police aux frontières pour «a minima quatre semaines».

Emmanuel Macron va se rendre à Mayotte «dans quelques heures». Emmanuel Macron a annoncé lors de son déplacement à Lyon, où il inaugure une académie de l’organisation mondiale de la santé (OMS), qu’il se rendrait à Mayotte «dans quelques heures». «Nos compatriotes vivent le pire» sur place, a rappelé le Président de la République.

«Une vingtaine de morts» avérés mais le bilan «n’est pas encore établi», annonce François Bayrou. «Une vingtaine de morts» ont été recensés à Mayotte mais «le bilan» pour l’instant «n’est pas encore établi», a déclaré François Bayrou devant l’Assemblée nationale. Devant les députés, le Premier ministre a également évoqué «200 blessés graves» et «1 500 blessés qui sont en urgence relative». Le préfet de Mayotte a évoqué «certainement plusieurs centaines» de victimes, peut-être «quelques milliers» après le passage du cyclone Chido.

Premières tensions dans l’archipel. Face à la désolation, les autorités observent un afflux des personnes vers les stations-service, dont les deux tiers sont réquisitionnés pour les véhicules de secours. Selon elles, des «tensions commencent à apparaître» et un escadron de gendarmerie a été déployé pour «renforcer la sécurisation». Mardi midi, le réseau de téléphonie mobile demeurait toujours indisponible à 80 %, selon les autorités. Très entravés par des chutes d’arbres et des débris divers, les opérations de déblaiement se poursuivent : entre 70 et 75 % du réseau départemental et national était dégagé mardi.

Bruno Retailleau, la honte. Combien de morts à Mayotte ? Personne ne sait vraiment. Le préfet du département a annoncé que le bilan devrait se compter en «centaines» voire en «milliers» de morts. Le cyclone tropical Chido a tout ravagé. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, est sur place. Il a pu constater les dégâts. Un champ de ruines dans un territoire qui était déjà en galère avant que Chido enfonce le clou. Des familles cherchent leurs disparus. Les habitants ont tout perdu : des vies, des maisons, des écoles et des hôpitaux. Et à cet instant, Bruno Retailleau a dégainé son obsession : la répression de l’immigration. Lire la suite de notre billet, ici.

Plus de 200 membres de la Croix-Rouge n’ont pas pu être contactés. «Des vents atteignant 220 km/h, provoqués par le cyclone Chido, ont dévasté le territoire français d’outre-mer de Mayotte. On craint que plus de 200 membres de la Croix-Rouge soient portés disparus», a indiqué la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sur son réseau social X. Contactée par Libération, la Croix-Rouge précise que sur «400 bénévoles et salariés» sur place à Mayotte, l’organisation n’a réussi à en joindre qu’une soixantaine, «à cause des problèmes de communication».

Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes dénonce la négligence des gouvernements. Dans un communiqué, le collectif RAAR fustige les «défaillances chroniques des gouvernements en matière de gestion et de protection» de Mayotte, où les habitants «subissent depuis trop longtemps les conséquences de politiques publiques inadéquates et une négligence systématique.» Pour le RAAR, «la précarité et les conditions de vie extrêmement difficiles endurées» dans ce département ne sont «pas seulement le résultat d’événements climatiques extrêmes mais révèlent la structure de domination sociale héritée de la période coloniale.» En effet, selon le collectif, ce sont les populations les plus précaires, comme les migrants, principalement originaires des Comores et de l’Afrique des Grands Lacs, qui «sont souvent condamnées à vivre dans des bidonvilles et sont donc particulièrement frappées par les conséquences du cyclone.»

Le cyclone Chido a tué au moins 34 personnes au Mozambique. Les vents, qui ont ravagé samedi l’archipel français de Mayotte, ont ensuite frappé dimanche la province mozambicaine de Cabo Delgado, à plus de 1 200 kilomètres de là, où 28 personnes ont été tuées, selon l’Institut national mozambicain de gestion des risques et désastres. Trois autres sont mortes dans la province de Nampula et trois autres dans celle de Niassa, à l’intérieur des terres, a ajouté l’institut.

Vu de Mayotte. Des vues aériennes de l’archipel, avant et après l’ouragan, montrent l’étendue des destructions.

Protéger les enfants. «Nos pensées vont particulièrement aux enfants, qui sont toujours parmi les plus vulnérables lors de catastrophes naturelles de cette ampleur», écrit l’Unicef sur son site, qui déplore un cyclone qui «n’a rien épargné sur son passage.» Alors que près d’un habitant sur deux à Mayotte n’est pas un adulte, «nous rappelons l’importance de placer les besoins des enfants au cœur des réponses d’urgence, en garantissant leur protection, leur accès à des abris adaptés, à l’eau potable, à l’alimentation, à la santé, à l’électricité et à l’éducation», affirme le Fonds des Nations unies pour l’enfance.

Témoignages. «Au début, au moment de l’impact, on tenait les portes. Quand les toits ont commencé à s’envoler, on s’est mis sous les tables pour ne pas recevoir de débris. Et on a attendu que ça se calme», se souvient une soignante auprès de Libé. Malgré une communication verrouillée, plusieurs membres du personnel du seul établissement hospitalier de l’archipel, qui abrite la plus grande maternité de France, témoignent de la situation après le passage de l’ouragan. Lire notre article.

En France, la solidarité s’organise pour avoir des informations. Loin de Mayotte, en métropole, ils sont des centaines à lancer des bouteilles à la mer sur les réseaux, pour trouver des informations sur leurs proches ou proposer de l’aide après le passage dévastateur du cyclone. Des conversations ont été ouvertes sur la messagerie Discord pour plus de 70 communes du département alors que le bilan humain et matériel, encore à déterminer, s’annonce immense sur le petit archipel français situé à quelque 8 000 kilomètres de Paris. Les internautes y demandent des nouvelles et envoient des photos de leurs proches disparus, dans l’espoir d’une réponse. Parfois, des habitants d’un des villages concernés, qui ont pu accéder à du réseau, envoient des vidéos, permettant d’identifier les maisons détruites et celles qui ont résisté. Parfois, des messages d’espoir surgissent. Les réseaux sociaux deviennent aussi un espace de solidarité : on y partage cagnottes de soutien aux villages sinistrés, informations et conseils.

La crise humanitaire à Mayotte vu par Coco.

Le point avec Météo France. Le cyclone Chido, classé en catégorie 4 sur l’échelle de Saffir-Simpson - qui compte cinq échelons - a été le plus fort enregistré en 90 ans, rappelle l’institut de météorologie. «Il faut probablement remonter au cyclone du 18 février 1934 pour retrouver un impact aussi violent sur le département», note Météo France dans un bilan de la catastrophe. Les rafales observées ont dépassé les 200 km/h, avec des pointes à 250 km/h sur le nord de Petite-Terre. Selon l’organisme, on ne peut pas affirmer, en l’état actuel des connaissances, que le changement climatique a favorisé cet événement, ni qu’il l’a rendu plus intense. Toutefois, la tendance à long terme est claire selon les scientifiques : les cyclones vont être plus intenses, déversant plus de pluies, à cause de la hausse des émissions de gaz à effet de serre.