Bus incendié, tram caillassé, voitures incendiées, commerces pillés, mairie ou école visée… de nouvelles violences urbaines ont émaillé la nuit de jeudi à vendredi 30 juin, trois jours après la mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre mardi.
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Des scènes de pillages ont été recensées ans le cœur de Paris, aux Halles et dans la rue de Rivoli qui mène au Louvre, mais aussi en banlieue parisienne, dans l’agglomération de Rouen, à Nantes et à Brest, où le sous-préfet Jean-Philippe Setbon a décrit à l’AFP «beaucoup d’affrontements entre policiers et petits groupes très mobiles».
Dans le centre-ville de Marseille, c’est la devanture de la bibliothèque municipale de l’Alcazar qui a été endommagée. A quelques encablures de là, sur le Vieux-Port, des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre à un groupe de 100 à 150 personnes qui auraient tenté de monter des barricades.
A Lille, la mairie du quartier populaire de Wazemmes a également été la proie de flammes qui ont endommagé le rez-de-chaussée et noirci la façade. Une école élémentaire a été «très endommagée» par les flammes dans le quartier de Moulins, et deux autres établissements scolaires «visés par des tirs de mortiers d’artifice», déplore la mairie. Dans un autre quartier populaire, à Fives, la mairie a été caillassée, ses vitres brisées.
Nuit très difficile à Nancy comme dans tout le pays. Les dégradations sont nombreuses et la mairie de quartier du Haut du Lièvre est partie en fumée. Je salue toutes les forces de secours qui sont engagées sur le terrain, dans un contexte très tendu. (1/2) pic.twitter.com/eUClnopcmR
— Mathieu Klein (@mathieuklein) June 30, 2023
Toute la nuit, les pompiers ont couru d’un incendie à l’autre à Roubaix et dans le reste de la métropole lilloise, débordés par la rage de petits groupes mobiles et dispersés qui ont multiplié les dégradations. A Roubaix, l’hôtel B & B près de la gare, dans le quartier défavorisé de l’Alma, prend feu après minuit, jetant dans la rue sa dizaine de résidents.
Des bâtiments publics ont été pris pour cibles, à Amiens où une école maternelle a été en partie incendiée et l’accueil des enfants était impossible vendredi matin, selon la préfecture. Le bureau de police situé au pôle Laherrère à Pau a par exemple été visé par un cocktail molotov, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
En Seine-Saint-Denis, «quasiment toutes les communes» ont été impactées, a constaté une source policière à l’AFP. De nombreux supermarchés ont été pillés notamment à Montreuil et Epinay-sur-Seine. A Drancy, des émeutiers ont utilisé un camion pour forcer l’entrée d’un centre commercial qui a été en partie pillé et incendié, indique une source policière.
Dans les Hauts-de-Seine, Nanterre est l’«épicentre» et concentre la «majorité» des incidents, selon la police, qui note une «dispersion» dans d’autres villes calmes jusqu’à présent, comme Châtillon et Sèvres.
En Saône-et-Loire, Mâcon, Le Creusot, Montceau-les-Mines et Chalon-sur-Saône ont vu des «affrontements entre forces de l’ordre et fauteurs de troubles, qui ont mis le feu à des poubelles et à des véhicules», a indiqué la préfecture dans un communiqué. «Des établissements publics ont été visés», notamment une école maternelle à Mâcon et la mairie de Sanvignes-les-Mines», un bourg de 4 000 habitants, selon la même source.
En Isère, des feux ont notamment visé un bureau de la police municipale à Villefontaine, une cour d’école à Bourgoin-Jallieu et une salle de spectacle à Fontaine, selon les pompiers. A Lyon et Grenoble, les transports publics étaient toujours perturbés vendredi matin, selon les informations obtenues auprès des réseaux TCL et M’Tag.
Les conducteurs ont fait valoir leur droit de retrait à Grenoble après des «tirs de mortiers» dans la soirée de jeudi, selon M’Tag. La circulation sur deux lignes de bus reste «perturbée» vendredi jusqu’à nouvel ordre, selon son site internet.
De premières tensions ont débuté en début de soirée dans l’est lyonnais. À Vénissieux, un tramway a été caillassé et a dû être abandonné après une tentative d’incendie et à Bron, un bus incendié «par un petit groupe», a indiqué à l’AFP Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la métropole en charge des déplacements. Des images du bus incendié ont vite circulé sur les réseaux sociaux.
A Vaulx-en-Velin, le poste de police municipale a été dégradé, à Rilleux-la-Pape, une crèche et une médiathèque ont aussi subi des dégâts, selon la préfecture qui fait état de 12 interpellations et 43 blessés légers dans les rangs de force de l’ordre.
Les pompiers sont également intervenus toute la soirée et une partie de la nuit pour éteindre des «feux de poubelles et de mobiliers urbains» à Annemasse et Annecy, en Haute-Savoie, ont-ils indiqué à l’AFP. A Annecy, les tensions sont apparues dans le quartier des Teppes, selon des images du quotidien régional Le Dauphiné Libéré montrant un groupe de personnes tentant de forcer l’entrée d’un centre commercial.
Saint-Etienne et Clermont-Ferrand ont également connu une nuit marquée d’incidents, avec feux d’artifice, feux de poubelles, et voitures incendiées, selon la presse locale.