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Libération
Coup de rabot

Dans le budget 2025, l’éducation n’échappe pas aux coupes

Malgré une timide hausse de son budget, l’éducation nationale sera privée de 2 000 postes en 2025. C’est le ministère qui subit le plus gros coup de rabot en matière de personnels.
En passant de 64,4 milliards d’euros en 2024 à 64,5 milliards d’euros en 2025, l’éducation conserve son titre de premier poste de dépense de l’Etat, devant la défense. (Loic Venance/AFP)
publié le 10 octobre 2024 à 20h30

On pourrait le penser épargné par les coupes budgétaires annoncées, mais le budget de l’éducation n’échappe pas à la frilosité du gouvernement au moment de passer en caisse. Après des hausses successives de 3,9 milliards d’euros en 2024 et de 3,7 milliards en 2023, la timide augmentation de 132 millions d’euros annoncée dans le projet de loi de finances 2025, présenté ce jeudi 10 octobre, a en effet de quoi sembler dérisoire. En passant de 64,4 milliards d’euros en 2024 à 64,5 milliards d’euros en 2025, l’éducation conserve son titre de premier poste de dépense de l’Etat, devant la défense.

Passé les grandes lignes, celle scrutée en priorité par les professionnels et les syndicats est celle des créations ou des suppressions de postes. Véritable thermomètre du traitement réservé à l’éducation nationale, «c’est le meilleur signal pour savoir si on est une priorité du gouvernement ou non», confie Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes, le premier syndicat du second degré. Et le signal est mauvais : avec 2 000 postes supprimés l’année prochaine, l’Education nationale est le ministère qui connaît le plus gros coup de rabot en matière de personnels.

4 000 postes d’enseignants supprimés

Dans le détail, ce sont près de 4 000 postes d’enseignants qui seront supprimés en 2025 (3 155 pour le premier degré et 181 pour le second degré dans le public, 660 pour le premier degré et 40 pour le second degré dans le privé). Dans le même temps, 2 000 postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) seront créés, ajustant la balance. Aucune suppression n’aura lieu au sein des personnels administratifs, a tenu à préciser le ministère.

Du côté du gouvernement, on justifie la coupe par la baisse démographique attendue. «A 21,4, le nombre d’élèves par classe dans le premier degré reste ainsi le plus bas jamais mesuré depuis la mise en place de ce suivi par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance», avance-t-on. Et malgré la baisse d’enseignants, les effectifs permettront même «d’accroître le taux d’encadrement» des élèves, certifie le ministère de l’Education nationale.

Moyens reconduits pour les groupes de besoin

Pourtant au cœur des revendications, la revalorisation du métier d’enseignant est vite balayée dans le nouveau projet de loi de finances. Si le ministère se targue de la progression de 13,4% des salaires des enseignants entre 2020 et 2024, aucun budget supplémentaire n’est prévu sur ce point pour 2025. Quelques précisions – dont le point névralgique de la revalorisation des professeurs en Seine-Saint-Denis – devraient être apportées dans les prochaines semaines, assure-t-on, quand toutes les enveloppes seront affectées. Pour voir leur fiche de paie gonfler, les professeurs pourront compter sur le pacte enseignant, doté pour la rentrée 2025 de 98 millions d’euros supplémentaires.

Autre sujet épineux sur lequel était attendu le gouvernement : la mise en place des «groupes de besoins». Annoncés par l’ancien ministre de l’Education Gabriel Attal dans sa réforme du «choc des savoirs» et mis en place à la rentrée 2024 pour les classes de sixième et de cinquième, ils seront élargis aux classes de quatrième et de troisième à la prochaine rentrée scolaire. Et, pour ce faire, «les moyens mis en place en 2024, […] soit 2 300 emplois, sont reconduits en 2025», précise le gouvernement.