C’est en décortiquant la demande d’extension déposée en préfecture par un éleveur de poulets du Pas-de-Calais que l’association L214 a réuni les éléments illustrant, selon elle, l’absurdité d’un modèle économique voué à l’échec. Cette exploitation industrielle, située dans le village de Pihem (un millier habitants), près de Saint-Omer, produit actuellement près de 150 000 poulets par an. Si son projet voit le jour, ce sont 825 000 poulets qui sortiront chaque année de cet élevage pour être abattus après cinq ou six semaines de vie. «Or pour mener à bien cette entreprise, l’éleveur doit emprunter près de 1,4 million d’euros sur douze ans. Il devra rembourser 10 500 euros par mois, tout ça pour espérer se verser un salaire dérisoire de 9 600 euros par an, soit 800 euros par mois», détaille Sébastien Arsac, co-fondateur de L214.
Le dossier déposé en préfecture stipule que la société étant déficitaire en 2019, l’exploitant n’a rien gagné, pas même de salaire. «Deux acteurs ont intérêt à ce que ce projet voie le jour, poursuit Sébastien Arsac. Il s’agit de la banque, en l’occurrence BNP Paribas, qui prête une somme délirante à l’éleveur, et du groupe agro-industriel belge Spoormans qui vend les poussins à cet exploitant, lui fournit l’alimentation nécessaire aux animaux, et lui rachète ensuite ses poulets au prix qu’il a lui-même fixé ! Cette situation est typique de