Housseiny n’avait que 13 ans. Il ne souffrait apparemment d’aucun problème de santé particulier. Mais alors qu’il disputait un match de football dans la commune de Sens (Yonne), le 16 mars, le jeune Franco-Malien a été brutalement pris de douleurs à la poitrine. Evacué du stade de la Fosse aux Vaches pour reprendre ses esprits sur le banc de touche, il s’est effondré quelques minutes plus tard. Sa famille, dont son frère jumeau, assistait à la rencontre de niveau départemental entre deux équipes U15 (moins de 15 ans). Le massage prodigué par les secours n’a pas réussi à le sauver.
Transporté au centre hospitalier le plus proche, l’adolescent, en arrêt cardiorespiratoire, est décédé dans l’après-midi. «Les clubs EF Onze St-Clément et Jeunesse sénonaise ont la douleur d’annoncer le décès brutal d’un jeune joueur de 13 ans lors d’un match U15, a indiqué, le jour même, le district de l’Yonne de football, dans un communiqué. Malgré les premiers soins donnés par des éducateurs et le relais pris par les agents du commissariat, les sapeurs-pompiers de Sens et le Samu, le jeune homme n’a pu être réanimé.» Une cellule psychologique a été mise en place à la salle communale pour les personnes présentes le jour du match, très choquées par ce drame.
«Il y a eu autour de ce terrible accident une énorme entraide, rarement égalée dans notre département»
La tragédie s’est accompagnée d’un immense élan de solidarité pour rapatrier le corps du jeune garçon sur le continent africain. Housseiny a toujours vécu à Sens, une ville de 25 000 habitants à 90 kilomètres au sud-est de Paris, mais sa famille est originaire du Mali. Dans certaines cultures et religions, il est inconcevable de ne pas inhumer un défunt sur sa terre d’origine. Mais le retour d’un corps de la France vers l’étranger coûte cher : prestation des pompes funèbres, prix du cercueil, soins de conservation, et surtout frais liés au transport. Chaque pays dispose par ailleurs de son propre règlement en ce qui concerne l’entrée d’un corps sans vie sur son territoire. Selon la société Fac International, spécialisée dans ce type d’assurances, le prix d’un rapatriement vers l’Afrique subsaharienne s’élève à environ 4 500 euros. Il faut compter 2 500 euros pour la Tunisie, l’Algérie, le Maroc ou la Turquie, et moins de 2 000 euros pour un pays européen. Pour aider la famille de Housseiny, une cagnotte en ligne a immédiatement été créée.
«Il y a eu autour de ce terrible accident une énorme entraide, rarement égalée dans notre département, explique Ali Ben Hamed, responsable de l’école de football de la Jeunesse sénonaise, présent lors du dernier match de l’adolescent. Tous les clubs aux alentours, et même ailleurs en France, ont participé à cette cagnotte ou donné de l’argent en espèces directement aux proches du petit. Au niveau administratif, la mairie a également été d’un grand soutien en facilitant les démarches.» Le coach décrit Housseiny comme un «enfant très agréable, gentil et calme» qui jouait au football depuis plusieurs années : «Le jour du drame, il affrontait ses copains. Ce sont des petits clubs de quartier, tout le monde se connaît.» Quelques jours auront suffi pour que la cagnotte, avec plus de 300 participants, atteigne près de 7 000 euros. Housseiny a finalement pu être enterré sur la terre de ses aïeuls grâce à la solidarité de la population et du monde du sport.