Politique frictions
Jusqu’à la veille du premier tour des élections législatives, «Libé» sillonne des lieux de la vie quotidienne pour saisir et raconter ces moments de discussion impromptue où, soudain, la politique fait irruption.
Rituel de la fin de journée, les patriarches du village et les habitués refont le monde, confortablement installés dans leurs chaises en plastique grises. Canette à la main et clope au bec, devant le tabac Ribeiro du village de Ponteilla, dans les Pyrénées-Orientales (qui fait aussi marchand de journaux et supérette), ça cause rugby, météo et, depuis le 9 juin, politique. Plus que jamais, Brigitte évite le sujet. «Ici, je ne suis pas en majorité», dit la quinquagénaire, qui préfère taire son orientation politique mais dit s’opposer «fermement» à l’extrême droite. «Il n’y a pas de débat de fond, les habitués répètent bêtement des poncifs racistes et homophobes. Leurs convictions RN ne vont jamais plus loin que des phrases toutes faites», regrette-t-elle.
Dans ce village du sud de la France de près de 2 900 habitants, la vague brune a pris des allures de tsunami aux dernières élections européennes. Avec 50,67% des voix pour Jordan Bardella (Rassemblement national) et 4,99% pour