Politique frictions
Jusqu’à la veille du premier tour des élections législatives, «Libé» sillonne des lieux de la vie quotidienne pour saisir et raconter ces moments de discussion impromptue où, soudain, la politique fait irruption.
Danièle et Eva affichent une mine ravie. Samedi matin, les deux sœurs ont eu «la bonne surprise» de voir des gens faire la queue dès 6h30 devant la salle Saint-Maurice de Bègles, une commune de 33 000 habitants limitrophe de Bordeaux. Leur association «de cœur», les Seniors dynamics, organise une journée vide-greniers. «Rendez-vous compte, on n’a ouvert les portes qu’à 9 heures. Certains ont attendu deux heures et demie pour entrer !» applaudissent-elles derrière leur stand de vaisselles, jouets, vêtements et babioles en tout genre. «Avec l’inflation, on a de plus en plus de visiteurs avec des petits revenus qui cherchent des bonnes affaires», observe Guy, l’époux d’Eva. Soudain, les sourires s’effacent aussi vite que le trio de septuagénaires dévore sa pile de crêpes au sucre. «La politique ? On ne parle pas de ça ici. Le ton monte trop vite. Certains sont anti-tout, qu’est-ce que vous voulez», résume Eva, depuis sa chaise verte en plastique. «Les gens préfèrent parler météo, santé ou pétanque, ça crispe moins», opine Danièle. Les Béglais, à la sensibilité «de gauche», ne se font pourtant pas prier longtemps pour donner leur avis.
«L’extrême droite monte depuis un moment, il fallait bien que ça nous pète un jour à la figure», fulmine Guy, ancien ouvrier chez Dassault et ex-syndiqué CGT. Aux européennes, le «communiste depuis toujours» a donné son vote au parti de Fabien Roussel. Face à la montée du Rassemblement