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Libération
Reportage

Darmanin à Mayotte : une île face à ses divisions

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Si certains Mahorais approuvent l’opération Wuambushu lancée par le ministre et se réjouissent de sa venue ce week-end, ONG et habitants «décasés» mettent en garde contre une situation humanitaire très dégradée.
A Talus 2, le 23 mai à Mayotte. (Philippe Lopez/AFP)
publié le 23 juin 2023 à 20h53

Depuis deux nuits, Rehema, ses deux frères et leur mère dorment dehors, au milieu des bananiers et des plants de manioc, au cœur du bidonville de «La Carrière». A quelques centaines de mètres décollent les avions depuis l’unique aéroport de Mayotte, sur la commune de Dzaoudzi, en Petite-Terre. L’adolescente de 16 ans et sa famille vivaient dans une cahute sans eau courante ni électricité, qu’elles ont détruite jeudi pour en récupérer les tôles et les poutres, avant que les bulldozers loués par la préfecture ne s’en chargent, a priori dimanche.

Tant pis pour Gérald Darmanin, en visite sur l’île ce week-end, et qui pourrait assister à la démolition d’une vingtaine d’autres cases. Soit 111 personnes concernées dans ce quartier poussiéreux des Badamiers, des immigrés sans papiers d’origine comorienne pour une partie, mais aussi des migrants en situation régulière et des Mahorais. Rehema et ses frères sont français, puisque nés dans le département d’outre-mer (le plus jeune et le plus pauvre du pays), alors que leur mère est en situation irrégulière depuis environ… trente ans. La séquence dominicale est censée illustrer l’intérêt de l’opération «Wuambushu» («Reprise»),