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De Chiraz à Perpignan, le chemin de croix d’une famille iranienne déboutée du droit d’asile

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Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Etablis en France depuis 2018, Ata Fathimaharlooei et Somayeh Hajifoghaha tentent en vain d’obtenir l’asile. Leur conversion au christianisme empêche tout retour au pays : en Iran, l’apostasie peut être punie de mort.
Ata Fathimaharlooei, 36 ans, et son épouse, Somayeh Hajifoghaha, 37 ans, à Perpignan, mercredi. (David Richard/Transit pour Libération)
par Sarah Finger, Envoyée spéciale à Perpignan (Pyrénées-Orientales)
publié le 9 décembre 2022 à 6h39

Ils ne regrettent rien. Persécution, exil, isolement, et à présent impasse administrative, rien ne leur fera regretter d’avoir quitté l’Iran pour vivre libres. Pourtant, le parcours d’Ata Fathimaharlooei, 36 ans, et de son épouse, Somayeh Hajifoghaha, 37 ans, musulmans convertis au christianisme, ressemble bel et bien à un chemin de croix. Mariés depuis 2011, établis à Chiraz, dans le sud de l’Iran, Ata et Somayeh étaient infirmiers. Elle dans un service de cardiologie, et lui en psychiatrie. «C’était une bonne vie, très tranquille», raconte Ata, choisissant ses mots avec soin malgré son français hésitant. En 2016, Ata rencontre les parents d’un jeune patient bipolaire hospitalisé dans son service. Ils sont d’origine arménienne, le père est pasteur. Au cours de ces échanges, Ata découvre la religion chrétienne et le protestantisme : «J’étais musulman, mais pas par choix, explique-t-il. C’était la religion que je devais accepter en tant qu’Iranien.»

Il se met à étudier la Bible et la vie de Jésus. Raconte avoir été touché : «J’ai trouvé la foi.» Pendant de longs mois, il poursuit son chemin spirituel dans le plus grand secret aux côtés de ce pasteur évangélique. Il sait que la conversion des musulmans est considérée comme un crime en Iran.