C’était il y a deux mois, mi-décembre. Soir lavé de pluie, ciel bas. La bruine s’était invitée sur les visages. Une voix perçait la foule réunie. Peu de mots. Simplement que Justin était un joueur du club, et ainsi il était comme un frère ou comme un fils. Qu’il avait foulé chaque coin du terrain ici à Montfermeil, tous les postes, sans jamais rechigner. Qu’il était un «membre de la famille». Justin était mort la veille avec son ami Théodore, à la suite d’une course-poursuite avec la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne. D’après la version des forces de l’ordre, leur scooter s’est encastré dans une voiture après un refus d’obtempérer pour un feu rouge brûlé. Ils avaient 17 ans.
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Tout le club était enfoui dans son silence. La buvette du stade Henri-Vidal, qui précède les vestiaires, était pleine jusqu’au dehors. Têtes basses dans le reflet des coupes. Puis, corps après corps, le club s’était réfugié dans les bras du père et du frère de Justin. Une procession d’accolades tristes. Des mots bas, aux creux de l’oreille, des mains frôlant les dos des proches de l’adolescent. Des centaines et des centaines, durant des minutes entières qui font une heure. Il y avait ce garçon, petit bonnet couvrant ses tresses, qui offrait un bouquet de r