Seule la main courante trahit le passé du lieu. La clôture de béton, qui délimitait la zone de jeu, sert désormais de tuteur pour les framboisiers plantés à ses pieds. A l’intérieur, la pelouse a été complètement colonisée : il y a un toboggan, des balançoires et une tyrolienne, un city stade cerné d’une mini-piste d’athlétisme, un coin pique-nique avec tables et barbecue, une serre pédagogique entourée de parterres potagers, un petit bois, des haies disséminées… Au milieu, un habitant a tressé une grande cabane en osier vivant, une autre a recyclé une vieille cabine téléphonique en boîte à livres.
A Languédias, village de près de 600 habitants dans la campagne au sud de Dinan (Côtes-d’Armor), le terrain de foot est devenu un «espace intergénérationnel». «Il faut imaginer qu’avant, il n’y avait que de l’herbe et, une fois par an, on y faisait du foin», dépeint le maire Jérémy Dauphin. Au début de son premier mandat en 2014, le jeune édile, tee-shirt floqué de son année de naissance (1983), a lancé la reconquête de cette surface au cœur du bourg, en friche depuis des années. «Il n’y avait aucun endroit dans la commune pour jouer ou se retrouver, on a décidé de créer quelque chose autour de la jeunesse et des jeux», retrace-t-il. Avec quelque 30 000 euros de budget et «surtout de l’huile de coude», l’équipe municipale, aidée des employés communaux et d’habitants, a métamorphosé le lieu.
«A gauche mais sans étiquette», ce «gros footeux»,