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Camélidés

Défilé de chameaux et dromadaires en plein Paris : ce que l’on sait de l’événement interdit par la préfecture de police

La préfecture de police a refusé mercredi 17 avril le défilé de camélidés prévu sur le Champs-de-Mars ce samedi à Paris. Les bêtes pourront plutôt aller dans le bois de Vincennes ou de Boulogne. Une alternative que l’organisateur de l’événement a refusée.
Des chameaux à Terre-de-Bancalié, dans le Tarn, le 17 mai 2022. (Matthieu Rondel/AFP)
publié le 18 avril 2024 à 18h08

Les animaux à bosses ne défileront finalement pas sur le Champ-de-Mars, à Paris. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a proposé mercredi 17 avril aux organisateurs du défilé de camélidés prévu ce samedi autour de la tour Eiffel d’aller plutôt dans les bois parisiens de Vincennes ou Boulogne, plus adaptés.

Une alternative refusée par l’organisateur, Christian Schoettl, maire de la commune de Janvry en Essonne, selon la préfecture de police de Paris. Prenant «acte avec beaucoup de regret du refus fait par l’organisateur de planifier son défilé de camélidés dans un lieu plus adapté», Laurent Nuñez «se voit donc contraint de préparer un «arrêté d’interdiction», a poursuivi la même source. «La manifestation restera toutefois possible dans les bois de Vincennes ou Boulogne, initialement proposés», a-t-il ajouté. Selon les informations de Libération, le maire de Janvry devrait désormais déposer un recours auprès du tribunal administratif.

Un défilé de chameaux ?

La fédération française pour le développement des camélidés en France et en Europe (FFDCFE) avait prévu de faire défiler une cinquantaine de dromadaires, chameaux, lamas et alpagas samedi entre le quai de Seine devant la tour Eiffel, les Invalides et le siège de l’Unesco, à partir de 14 h 30. Préparée depuis deux ans, cette manifestation s’inscrit dans le cadre de l’année internationale des camélidés, proclamée par l’Organisation des nations unies en 2024 afin de promouvoir «la contribution essentielle» de ces «héros des déserts et des hauts plateaux» qui subviennent à des «millions de ménages vivant dans des environnements hostiles dans plus de 90 pays».

Intitulé «l’Incroyable défilé», cet événement est une idée de Christian Schoettl, maire de Janvry. Ce féru de ces animaux à bosses s’était déjà fait connaître en défilant avec des camélidés dans Paris en 2014 lors d’une manifestation contre la réforme des rythmes scolaires. Plus tard, Christian Schoettl affirmait avoir eu un «coup de foudre» pour ces bêtes. Au Parisien, il expliquait posséder quatre dromadaires qu’il emmène même en vacances «parce que le reste de l’année on ne se voit pas beaucoup». Alors lorsqu’il évoque ce fameux défilé, le maire de Janvry est clair : il s’agit d’une manière de soutenir «la cause du dromadaire dans la capitale française des droits de l’Homme».

Quelle est la polémique ?

Soutenir «la cause du dromadaire dans la capitale française des droits de l’Homme». Sur le papier, c’est joli. Sauf que ce défilé a généré une véritable polémique sur les réseaux sociaux. L’association de défense des animaux Paris Animaux Zoopolis dénonce dans un communiqué l’utilisation de ces animaux comme «des objets de divertissement» et «de vulgaires ressources alimentaires» : «Dans tous les cas, nous ne voulons pas que ce défilé ait lieu, que ça soit sur le Champs-de-Mars ou dans les bois. Dans la forêt, la présence de camélidés, qui sont transportés de nombreuses heures sur la route depuis a priori le Larzac, les Hauts de France et la Picardie, peut faire peur à d’autres animaux. Ce n’est pas du tout leur place», a affirmé auprès de Libé Amandine Sanvisens, cofondatrice de l’association.

Selon elle, le problème ne se résume pas à ce défilé : «On veut dénoncer la raison et l’objectif de ce défilé. Le maire de Janvry l’a développé parce qu’il veut développer l’élevage de camélidés en France pour favoriser de nombreux projets d’exploitation d’animal. Puis en septembre 2023, nous avons constaté de la maltraitance animale dans parc animalier de Janvry. On estime que le maire de cette commune n’est pas capable de s’occuper des animaux», dénonce Amandine Sanvisens.

La mairie de Paris, non plus, «n’est pas favorable à ce défilé», a-t-elle indiqué, précisant néanmoins qu’elle n’a pas de pouvoir décisionnel, «la manifestation étant itinérante».

De son côté, la préfecture de police justifie l’interdiction du défilé dans la capitale en invoquant une zone - le Champ-de-Mars - «touchée par des chantiers de montage d’infrastructures» en vue des Jeux olympiques et «les conséquences significatives sur la circulation» dans ce lieu touristique. La préfecture assure également dans son arrêté que cet environnement à «si forte densité urbaine (...) est de nature à porter atteinte au bien-être animal». Elle évoque aussi des questions de sécurité, avec un parcours initial près de bâtiments publics, dans un contexte de «durcissement de la posture Vigipirate» depuis la «revendication de l’attentat de Moscou par l’organisation Etat Islamique».

Quelles sont les justifications du maire ?

Face à ces accusations, Schoettl a rétorqué ce jeudi sur RMC que ces animaux peuvent s’adapter à des environnements variés, ayant déjà accueilli deux salons internationaux de camélidés dans ce département. Il assure avoir mobilisé 70 000 euros de fonds, 34 délégations nationales, 80 personnes pour protéger la manifestation dont trois vétérinaires, une ambulance de sécurité civile, deux vans pour secourir les animaux si besoin et des ramasses crottes. Le maire de Janvry devrait désormais déposer un recours auprès du tribunal administratif.