Dans le hameau de Pécut, niché au cœur de la Creuse, une dizaine de bâtisses usées par le temps se fige dans un paysage bucolique. De nouvelles plaques noires, apparues au début du mois de mai sur les murs en pierres apparentes, tranchent par leur modernité. Ici, sur le pan d’une façade de ferme ; là, accolée à l’angle d’une maison restée dans son jus. Une floraison qui n’est pas pour plaire à tout le monde. «Dans Pécut, il y a maintenant le chemin de Pécut, l’allée de Pécut, l’impasse de Pécut et la route de Pécut. On ne s’y retrouve plus. C’est un chaos complet ces nouveaux noms !» s’agace Wanda Rizzi, 64 ans, emmitouflée dans sa robe de chambre rose bonbon.
Abritée de la pluie sous le porche de sa maison en bois, la professeure d’anglais à l’accent tenace s’offusque : «L’impasse n’en est même pas une, il y a une issue. Et dire route de Pécut alors qu’on se trouve déjà dedans ? C’est ubuesque : une route, c’est pour aller vers une destination.» Elle s’engouffre à l’intérieur de sa maison, dorénavant située 15, route de Pécut, et non plus seulement 9, Pécut. L’Irlandaise s’empresse d’exhiber le courrier mentionnant ce changement d’adressage effectué par la mairie, tout en pestant contre cette mesure qui lui fait recevoir le courrier du voisin et qui «complique la tâche» des infirmières à domicile.
Une mesure «casse-pieds»
A l’autre bout du hameau silencieux, dans lequel chaque passage de voiture est remarqué, Claire Devilette, 84 ans, insiste elle aussi sur le côté «inutile» <