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Polémique

Départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel : l’Etat va porter plainte contre la jeune femme pour «dénonciation calomnieuse», annonce Gabriel Attal

Le Premier ministre avait reçu quelques heures plus tôt ce mercredi 27 mars à Matignon l’ex-chef de l’établissement parisien, menacé après une altercation avec une élève pour qu’elle enlève son voile.
Gabriel Attal à Matignon le 21 février 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 27 mars 2024 à 20h24

Ce rendez-vous à Matignon ce mercredi 27 mars devait marquer «le soutien» du Premier ministre «au proviseur et à la communauté éducative». Quelques heures après son entrevue avec le proviseur qui a quitté son poste au lycée parisien Maurice-Ravel après des menaces de mort consécutives à une altercation avec une élève pour qu’elle enlève son voile, Gabriel Attal a donné sa vision des faits sur TF1 : «Il [le professeur] a tout simplement fait son travail : il a demandé à une jeune femme de retirer son voile.»

«Il a demandé à une jeune femme d’appliquer la loi, c’est à dire de retirer son voile dans l’établissement scolaire. Cette jeune femme l’a refusé et, pire encore, elle a cherché à l’intimider en l’accusant de l’avoir molestée ou de violence», a poursuivi Attal. «Ces accusations» ont «ensuite été relayées sur les réseaux sociaux», y compris «par certains élus, je pense à une députée de la France insoumise», et ont «donné lieu à des menaces de mort à l’endroit de ce proviseur».

Le Premier ministre a en outre «décidé» que «l’Etat allait porter plainte contre cette jeune femme pour dénonciation calomnieuse». Le chef du gouvernement, qui dénonce un épisode «tout simplement inacceptable et inadmissible», met en garde sur «une forme d’entrisme islamiste qui se manifeste». L’Etat, l’institution, seront «toujours aux côtés de ces agents, de ceux qui sont en première ligne face à ces atteintes à la laïcité, face à ces tentatives d’entrisme islamiste dans nos établissements scolaires», a en outre fait valoir le chef du gouvernement sur TF1.

«La laïcité» est «sans cesse mise à l’épreuve. Et on le voit, il y a une forme d’entrisme islamiste qui se manifeste notamment dans nos établissements scolaires», a aussi dit Gabriel Attal. «Cet entrisme, ces coups de boutoir ont fait récemment deux victimes dans la famille de l’Education nationale, Dominique Bernard et Samuel Paty», a-t-il ajouté, en référence à ces deux enseignants tués dans des attentats islamistes, Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine en octobre 2020 et Dominique Bernard à Arras, en octobre 2023.

Gabriel Attal avait déjà a estimé mi-mars que la laïcité à l’école «est menacée», et s’était dit «engagé pour le plein respect» de ce principe, alors que son application à l’école continue à faire des remous, vingt ans après la loi interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école.

Près d’un mois après les faits intervenus le 28 février, le chef d’établissement a quitté ses fonctions mardi «pour des raisons de sécurité», selon un message envoyé aux enseignants, élèves et parents par le nouveau chef d’établissement. Le rectorat, lui, a évoqué «des convenances personnelles» et un «départ anticipé» à la retraite, à «quelques mois» de celle-ci, «au vu des événements qui ont marqué ces dernières semaines».

Une enquête avait été ouverte à Paris pour cyberharcèlement, après des menaces de mort à l’encontre du proviseur, proférées sur Internet. Un jeune homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine, a été arrêté et doit être jugé le 23 avril à Paris pour l’avoir menacé de mort sur Internet.

Deux plaintes avaient, par ailleurs, été déposées : une par l’élève «pour violences n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail», et une par le proviseur «pour acte d’intimidation envers une personne participant à l’exécution d’une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service». La plainte de l’élève a été classée sans suite pour «infraction insuffisamment caractérisée», a fait savoir ce mercredi le parquet de Paris.