Menu
Libération
Bien-être animal

Des animaux «découpés encore vivants» : en Mayenne, une enquête ouverte contre un abattoir

Alimentationdossier
Après une plainte déposée par l’association L214, le parquet de Laval annonce ce jeudi 18 janvier l’ouverture prochaine d’une enquête visant les pratiques dans l’abattoir de Craon.
A l'abattoir de Craon, en 2014. (Association L214)
publié le 18 janvier 2024 à 13h04
(mis à jour le 18 janvier 2024 à 14h36)

Des animaux mal étourdis, «égorgés encore conscients» et «découpés encore vivant». L’association de défense des droits des animaux L214 dénonce ce jeudi 18 janvier les pratiques de l’abattoir municipal de Craon, en Mayenne, dans une vidéo publiée sur ces réseaux sociaux.

«Les images tournées en fin d’année dernière montrent des animaux encore conscients après l’étourdissement : des veaux, vaches, bœufs, moutons relèvent la tête et se débattent avant et après l’égorgement», explique l’association dans un communiqué. «Des vaches réagissent aux coups de couteau et à la pince guillotine lors de la découpe de leurs pattes avant, de leurs cornes ou de leur tête. Pourtant, à ce stade de la chaîne d’abattage, les animaux devraient être morts», selon L214.

Enquête judiciaire

L’association, qui milite à terme pour l’arrêt de l’élevage, a déposé une plainte pour «cruauté, sévices graves et mauvais traitements». L214 dénonce des «problèmes structurels» dans l’abattoir et «l’absence d’intervention des services vétérinaires». Ce jeudi, la procureure de Laval a annoncé qu’une enquête judiciaire sera ouverte contre cet abattoir municipal. Elle sera confiée à la gendarmerie.

«Les quatre abattoirs d’animaux de boucherie que compte la Mayenne, parmi lesquels le site de Craon, font l’objet d’une inspection permanente par les services vétérinaires de l’État», a pour sa part déclaré la préfecture dans un communiqué. «Les services de l’État ont adressé le 21 avril 2023 à l’exploitant de cet abattoir une mise en demeure sur les conditions d’immobilisation des animaux avant leur étourdissement», mise en demeure levée «le 12 juillet suivant au regard des actions correctives déjà engagées».

Fin décembre 2023, «un nouvel équipement de contention plus adapté à toutes les tailles de bovins a notamment été mis en service», poursuit la préfecture, pour qui les installations filmées par L214 «ne sont donc pas celles actuellement en service au sein de l’abattoir de Craon».

Images «impressionnantes» selon le ministère

Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Agriculture reconnaît que «la vidéo montre très manifestement des non-conformités», tout en relevant que ces images «impressionnantes» ne «traduisent pas toujours pour autant un état de conscience ou de souffrance de l’animal». Le cabinet du ministre Marc Fesneau rappelle que le plan abattoirs lancé en 2021 a «renforcé les contrôles», «créé une brigade d’intervention nationale» et «mis sur la table 115 millions d’euros pour accompagner les abattoirs dans leur modernisation». Le ministère a dit souhaiter que soit «débattu en 2024 au sein du comité national d’éthique des abattoirs» le sujet de la généralisation du contrôle vidéo et sa «pertinence pour juguler ce genre de situations».

La ville de Craon indique de son côté que «de lourds investissements ont été réalisés dans son abattoir» et «réfute» les accusations de L214 contre qui «le maire de Craon se réserve le droit de porter plainte», selon un communiqué.

Mise à jour vers 14h30 : réactions du ministère et de la ville de Craon.