Dans ce club de boxe du Nord de la France, entre femmes, on apprend l’art du crochet et de l’uppercut. Ici, pas de distinction entre les couleurs de peau et personne ne prête attention aux tenues, jogging ou legging, ni aux coiffures, voilées ou pas. Cheveux blonds noués en queue-de-cheval, chevelure noire retenue par un large bandeau blanc, turban ou foulard qui ne laissent pas dépasser une mèche, elles se mélangent sans se poser de question. Elles ont en partage leur sport, et leur indignation, face à la proposition de loi, votée mi-février par les sénateurs avant de passer devant l’Assemblée nationale, qui interdit le port du voile pendant les compétitions, même en amateur. «Ça me choque, qu’on dise aux femmes quoi faire», dit l’une d’elles.
Sur le sujet, elles ont requis l’anonymat, par crainte des réactions. «Ils violent l’intégrité de la femme, sa liberté d’expression. En France, elle devrait pouvoir se voiler si elle veut se voiler, se dévêtir si elle veut se dévêtir», attaque bille en tête une des participantes, à la fin de l’entraînement. Les autres approuvent : «Il faut laisser la femme s’exprimer comme elle le désire. Ils veulent entraver cette liberté.» Une colère fuse, les phrases se bousculent, se superposent, se complètent. Certaines avaient compris que