Ils ont passé des journées entières au troisième étage du conservatoire Gilbert Klein de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Un hiver à lire les textes de Jorge Semprún. Ils ont déchiffré l’Ecriture ou la Vie à voix haute, bafouillé et bégayé sous le regard des metteurs en scène Hiam Abbas et Jean-Baptiste Sastre. Des rires, du doute, de la tension. Au fil des jours, ils ne lisaient plus. Les amateurs jouaient par cœur les textes de l’Espagnol. Des vannes, de l’énergie et de la fierté. Parfois, après les répétitions, ils se posaient à la chicha plus loin dans la ville. La bande tirait sur du narguilé aux goûts fruités en causant de la Shoah, des camps de concentration, de Primo Levi et des autres. Certains se connaissaient un peu mais ils se sont tous découverts.
Nous les avons suivis durant plusieurs semaines. D’abord à pas de loup afin de les observer. Puis au fil de longues discussions sur le projet, la vie et le reste. Un vendredi après-midi, dans la salle de repos du troisième étage, ils sont passés les uns après les autres pour mettre des mots sur leur parcours, leurs rêves mais aussi leur rapport au projet. Comment sont-ils arrivés là ? Qu’est-ce qui a changé en eux depuis le début de l’aventure ? Une discussion chorale juste avant leur départ pour l’Allemagne où