Hafid est un long monsieur. Il porte une barbe grise courte et taillée. Dans son salon, qui offre une vue sur le périphérique parisien, le retraité laisse des silences entre les phrases. Une manière de chercher les mots. Hafid gère avec «d’autres» une petite mosquée de Seine-Saint-Denis : la paperasse, la sécurité, le ménage. Les discussions sont nombreuses entre les fidèles depuis le drame du 25 avril : Aboubakar Cissé, 22 ans, a été poignardé à de multiples reprises et laissé agonisant sur son tapis de prière dans la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard. L’homme vient d’être inhumé au Mali. «Il y a beaucoup de tristesse mais très peu d’étonnement. On ressent la pression qui monte depuis des mois, dit-il. On voit toutes les mosquées qui sont vandalisées partout dans le pays et la peur. Je suis un homme optimiste mais en regardant vers l’avant je me dis que nous ne sommes pas à l’abri du pire.»
Reportage
Une marche est organisée ce dimanche à Paris et dans toute la France, pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, mais aussi pour faire «peuple contre toutes les formes de racisme», comme le formule la tribune publiée dans Politis le 5 mai, accompagnant l’appel à manifest