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Islamophobie

Des musulmans de France inquiets après la mort d’Aboubakar Cissé : «Vous imaginez un peu si une telle attaque se reproduit ?»

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Une marche est organisée ce dimanche en hommage au Malien tué dans sa mosquée gardoise le 25 avril. Le principal suspect, Olivier H., vient d’être inculpé pour «assassinat en raison de la religion». Peur, paranoïa, pression : de nombreux musulmans pratiquants décrivent à «Libération» un climat délétère.
Rassemblement place de la République à Paris, en hommage à Aboubakar Cissé, le 1er mai 2025. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 11 mai 2025 à 9h17

Hafid est un long monsieur. Il porte une barbe grise courte et taillée. Dans son salon, qui offre une vue sur le périphérique parisien, le retraité laisse des silences entre les phrases. Une manière de chercher les mots. Hafid gère avec «d’autres» une petite mosquée de Seine-Saint-Denis : la paperasse, la sécurité, le ménage. Les discussions sont nombreuses entre les fidèles depuis le drame du 25 avril : Aboubakar Cissé, 22 ans, a été poignardé à de multiples reprises et laissé agonisant sur son tapis de prière dans la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard. L’homme vient d’être inhumé au Mali. «Il y a beaucoup de tristesse mais très peu d’étonnement. On ressent la pression qui monte depuis des mois, dit-il. On voit toutes les mosquées qui sont vandalisées partout dans le pays et la peur. Je suis un homme optimiste mais en regardant vers l’avant je me dis que nous ne sommes pas à l’abri du pire.»

Une marche est organisée ce dimanche à Paris et dans toute la France, pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, mais aussi pour faire «peuple contre toutes les formes de racisme», comme le formule la tribune publiée dans Politis le 5 mai, accompagnant l’appel à manifest