Après quelques minutes de marche sur un chemin forestier, il faut s’imaginer ce à quoi pouvait ressembler ce paysage vallonné il y a huit décennies : des prairies de lande à perte de vue que l’on parcourait à travers champs. Au milieu des rangées de sapins qui ont poussé depuis, un petit véhicule tout-terrain surmonté d’un géoradar ratisse une zone délimitée d’un ruban rouge et blanc. Le détecteur scanne le sol et dessine sur un écran des chevrons à chaque fois que le terrain sur lequel il passe a subi des modifications. C’est ainsi qu’ont commencé, ce mardi 27 juin au matin, les recherches pour retrouver les dépouilles de soldats allemands de la Wehrmacht tués par la résistance locale le 12 juin 1944, dans les environs de Meymac, en Corrèze.

Avant qu’ils ne soient médiatisés ces dernières semaines, les faits n’étaient connus que d’une poignée de locaux. «C’était un peu comme un secret de famille. Certains anciens savaient, mais personne n’en parlait», raconte Philippe Brugère, le maire (gauche) de la commune. Il a recueilli le témoignage d’Edmond Réveil – le dernier témoin, âgé de 98 ans aujourd’hui – pour la première fois en 2019. Lors d’une réunion d’anciens combattants, ce dernier s’est livré sur ce qu’il a longtemps gardé pour lui. Le groupe des Francs-Tireurs et partisans, dont il faisait partie à l’époque, a dû exécuter 46 soldats et une femme française proche de la Gestapo sous l’ordre de son chef de section. Les corps de ces prisonniers ont ensuite été enterré