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Déserts médicaux : «Encadrer la liberté d’installation n’aura aucun effet positif sur l’accès aux soins»

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Réguler la liberté d’installation des médecins ? Si la profession est très majoritairement opposée au texte débattu à l’Assemblée mercredi 2 avril, leurs arguments sont protéiformes. Trois praticiennes expliquent leurs réserves et leur ressenti de terrain.
«Des généralistes, il y en a beaucoup ! Le vrai problème, c’est qu’on est de moins en moins nombreux à exercer notre métier de médecin de premier recours», constate (Haytam.REA)
publié le 2 avril 2025 à 6h49

Résorber la fracture sanitaire entre les territoires suppose-t-il d’encadrer la liberté d’installation des médecins, comme le préconise la proposition de loi transpartisane sur la lutte contre les déserts médicaux discutée ce mercredi 2 avril à l’Assemblée nationale ? Faut-il rétablir l’obligation de garde en soirée et le week-end pour améliorer l’accès aux soins ? C’est deux fois non pour les syndicats de médecins. Sur le terrain, les avis sont plus nuancés. Interrogées par Libération, trois praticiennes expriment leurs doutes mais aussi leur soutien.

Dr Elsa Leclercq, 36 ans, médecin généraliste remplaçante à Nantes (Loire-Atlantique)

«Aucun médecin ne veut plus s’installer nulle part, moi la première»

«Je suis remplaçante depuis que j’ai fini mon internat à Nantes il y a sept ans. Mon projet n’est pas de m’installer. Cela me paraît trop lourd sur le plan administratif et moral. Suivre une patientèle est une charge mentale énorme. Je m’en suis rendu compte au fil de mes remplacements dans des zones rurales du Sud-Ouest, de Provence-Alpes-Côte d’Azur ou de Bretagne. Même dans le centre-ville de Nantes où j’exerce désormais régulièrement, on a du mal à bien soigner les gens, faute de spécialistes. En cas de douleurs chroniques, il faut plusieurs mois pour obtenir une IRM ! Pour un rendez-vous chez le cardiologue ou chez le dermato, c’est plusieurs semaines.