Une nouvelle procédure vise Facebook. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a annoncé mardi avoir porté plainte en France contre ce géant des réseaux sociaux pour «pratiques commerciales trompeuses». Elle accuse Facebook de ne pas respecter ses engagements en laissant proliférer sur la plateforme de fausses informations et des messages haineux. La plainte a été déposée auprès du procureur de la République de Paris, a précisé ce mardi RSF dans un communiqué.
Elle s’appuie sur un dossier composé de «45 pièces de constats d’huissiers, de témoignages, de citations d’anciens dirigeants de Facebook, d’études et de rapports sur Facebook à l’échelle mondiale» indique Pauline Ades-Mevel, rédactrice en chef de RSF. L’action en justice vise Facebook France à Paris et Facebook Europe à Dublin, sociétés via lesquelles le groupe exerce ses activités sur le territoire français. Sur les 2,8 milliards d’utilisateurs du réseau social, près de 38 millions sont français.
Dans sa plainte, RSF rappelle les conditions générales d’utilisation du réseau social, dans lesquelles la plateforme assure l’utilisateur de sa «diligence professionnelle pour maintenir un environnement sûr et sans erreurs», en limitant «significativement la diffusion de fausses informations». «Ce message est également régulièrement présent lors des campagnes publicitaires du réseau social» rappelle la rédactrice en chef de RSF.
Fausses informations et menaces
Mais depuis plusieurs années, le réseau social est devenu l’un des principaux lieux de résonance des théories complotistes. RSF pointe notamment la diffusion de Hold up, un documentaire qui prétend dévoiler la face cachée de la pandémie de Covid-19, sorti en novembre 2020. Les vidéos de ce film disponibles sur Facebook ont été visionnées plus de 4,6 millions de fois en deux mois. Et, durant cette période, le fait que nombre d’informations contenues dans ce documentaires étaient douteuses voire carrément fausses n’étaient pas signalés aux internautes comme le prévoit la politique de Facebook, alors que cela avait été relevé par plusieurs médias dont Libération.
RSF dénonce aussi la passivité de Facebook face à la haine en ligne alors que la firme promet à l’utilisateur une plateforme «chaleureuse et sécurisée», où «les formes d’expression qui menacent les autres ne sont pas autorisées». L’ONG donne l’exemple de messages haineux visant les journalistes de l’Union-l’Ardennais, dont un des photographes, Christian Lantenois, a été violemment passé à tabac en février dernier, ceux de Charlie Hebdo ou encore de l’émission Quotidien, en particulier Yann Barthès et Sophie Dupont. «Des commentaires appelant à porter atteinte à l’intégrité physique des journalistes, parfois identifiés, d’autres fois identifiables, sont nombreux à être relayés sur le réseau social et Facebook ne procède à aucune censure de ces propos haineux», constate la plainte.
Si la prolifération de ce type de messages n’est pas propre à la France, RSF explique avoir «fait le choix de déposer plainte en France, où le droit de la consommation est particulièrement adapté». Avant d’ajouter : «Les conditions de services de Facebook étant les mêmes partout sur la planète, une décision de justice en France sur leur caractère trompeur pourrait avoir un impact global».
Au cours de ces derniers mois, Facebook a fait l’objet de plusieurs plaintes en France. Début mars, 14 militantes féministes françaises ont assigné le groupe en justice, reprochant à sa filiale Instagram de censurer certaines de leurs publications, tout en laissant des utilisateurs les harceler en toute impunité. Son concurrent Twitter est également poursuivi pour des faits similaires.