Un gâchis à endiguer à tout prix. La France insoumise a annoncé ce dimanche 3 août déposer une proposition de résolution à l’Assemblée pour que le gouvernement réquisitionne le stock de contraceptifs féminins que l’administration américaine a décidé de torpiller, alors que cette incinération devrait possiblement se tenir dans les prochains jours sur le sol français.
L’administration Trump, engagée dans des coupes drastiques de son aide humanitaire et dans une politique anti-avortement, a en effet confirmé à la mi-juillet vouloir «détruire certains produits contraceptifs abortifs issus de contrats de l’USAID». Selon plusieurs médias, ces contraceptifs - implants, stérilets et pilules contraceptives - dont la valeur s’élève à près de 10 millions de dollars, sont actuellement stockés dans un entrepôt à Geel, en Belgique. The Guardian affirme en sus qu’ils devaient être incinérés en France avant le 1er août, mais le flou demeure sur leur date et lieu de transfert.
«Le gouvernement français n’a toujours pas communiqué le lieu pressenti de destruction», déplore LFI dans un communiqué, qui regrette également qu’il «refuse d’activer le droit existant, alors que le code de la santé publique autorise la réquisition de tous biens et services si la situation sanitaire le justifie». La France insoumise considère que la destruction de ces contraceptifs «va mettre en danger des centaines de milliers de femmes dans le monde, auxquelles ce stock était promis».
Danielle Gaudry, gynécologue, militante au planning familial et au sein du collectif «Avortement en Europe : les femmes décident !», se félicite auprès de Libé de cette annonce. «La réquisition des stocks, c’est notre objectif central, et le temps presse. C’est important que les partis politiques suivent le mouvement et se rallient à notre demande.»
Le ministère de la Santé conteste
De son côté, le ministère de la Santé avait expliqué vendredi à l’AFP qu’il n’existait «pas de base juridique permettant une intervention d’une autorité sanitaire européenne et a fortiori de l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) pour récupérer ces dispositifs médicaux». Car, «dans la mesure où les contraceptifs ne sont pas des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur» et que le cadre «d’une tension d’approvisionnement» ne peut pas être convoqué, il n’y a «aucun moyen pour réquisitionner les stocks», déplore le ministère.
Le ministère ajoutait ne pas avoir d’information sur l’endroit où ces contraceptifs, stockés en Belgique, allaient être détruits. Selon certains médias anglo-saxons, l’opération devait être réalisée en France par une entreprise spécialisée dans la destruction des déchets médicaux. L’AFP n’a pas pu confirmer cette information de source officielle à ce stade.
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«Une partie des stocks est déjà en train d’être incinérée dans le plus grand des secrets»
La présidente du Planning familial, Sarah Durocher, assure, elle, que les «premiers camions chargés de ces implants, contraceptifs et pilules contraceptives sont partis dès mardi 29 juillet de la Belgique, direction la France». Et de poursuivre : «Une partie des stocks est déjà en train d’être incinérée dans le plus grand des secrets, il n’y a aucune raison pour que ça ait été retardé. Et en attendant, le gouvernement reste silencieux.» Sarah Durocher souligne par ailleurs que «l’on parle de tonnes de contraceptifs qui ne périmaient, pour les premiers, qu’en 2027».
De son côté, Danielle Gaudry explique avoir l’assurance que «Véolia ne procédera pas à cette destruction, ni Suez». La militante annonce vouloir «essayer de pousser tous les autres groupes en mesure de mener à bien cette incinération de ne pas le faire».
LFI annonce donc déposer «une proposition de résolution exigeant du gouvernement qu’il réquisitionne la totalité du stock contraceptif étasunien qui circulerait sur notre territoire». Le groupe parlementaire insoumis précise être «évidemment disponible pour siéger en urgence de façon extraordinaire, afin de faire évoluer le cadre légal si besoin».
Au-delà du groupe insoumis, l’annonce de cette destruction a également fait réagir la numéro un des Ecologistes Marine Tondelier, qui a interpellé le président Emmanuel Macron dans une lettre ouverte afin qu’il empêche la destruction de ces contraceptifs. Le Parti socialiste l’a aussi exhorté à ne pas «être complice de ce naufrage sanitaire et politique».