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Nord

Deux fusillades en deux jours dans un camp de migrants à l’ouest de Dunkerque

Moins de vingt-quatre heures après des tirs meurtriers à Loon-Plage, dans le département du Nord, de nouveaux coups de feu ont fait au moins un mort dimanche 15 juin.
Un camp de migrants à Loon-Plage, le 23 juillet 2024. (The Sun/ABACA)
publié le 16 juin 2025 à 9h21
(mis à jour le 16 juin 2025 à 11h54)

Week-end de tensions dans le camp de migrants de Loon-Plage, situé près de Dunkerque (Nord). Selon les informations de Delta FM et d’Ici Nord, des coups de feu ont été tirés dimanche 15 juin, vers 18 heures, dans ce camp où vivent des centaines d’exilés dans l’attente de tenter la traversée vers l’Angleterre.

Une personne a été tuée et deux autres blessées, souligne une source policière proche de l’enquête. Parmi les deux blessés, l’un a été grièvement blessé à la tempe et l’autre, blessé aux jambes, a pris la fuite, a précisé cette source policière. Quatre étuis de 9 mm ont par ailleurs été découverts sur place. Sollicité par Libération, le parquet de Dunkerque annonce avoir ouvert une enquête pour meurtre, tentative de meurtre et détention d’armes de catégorie A et B.

Ces nouveaux tirs surviennent au lendemain d’une autre fusillade survenue samedi 14 juin, dans le même camp de réfugiés. Un homme a été tué et cinq autres personnes blessées, dont deux «dans un état grave», tandis que les trois autres, «dont une femme et un enfant, ont été blessés légèrement», avait indiqué la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, samedi après-midi. Les cinq personnes blessées ont toutes été prises en charge à l’hôpital, mais leur vie n’est pas en danger, avait-elle également précisé.

Deux hommes en garde à vue

La personne qui a succombé à ses blessures samedi est «un homme a priori majeur», son identité est en cours de vérification. D’après une source policière, l’homme est un Soudanais de 24 ans et tous les blessés sont également soudanais. L’enfant blessé est un bébé, de même source.

Deux personnes, «un homme majeur et un jeune homme mineur», ont dans la foulée été placées en garde à vue, selon la magistrate. «Ces deux hommes se déclarent Irakien de 29 ans et Afghan de 16 ans», selon Charlotte Huet, des «identités déclarées» qui n’ont pas encore pu être vérifiées samedi en fin de journée. Leur garde à vue pourra durer jusqu’à quatre jours. Le parquet a ouvert une enquête pour meurtre et tentatives de meurtre en bande organisée et détention d’armes de catégorie A (à laquelle appartiennent notamment les armes d’épaule) et B.

Néanmoins, le parquet de Dunkerque précise «qu’à cette heure», «aucun élément n’a été mis au jour permettant de lier ces faits à ceux qui se sont produits le samedi 14 juin».

La préfecture du Nord a de son côté confirmé l’intervention des forces de sécurité et des secours dans ce lieu de vie d’exilés. Claire Millot, de l’association Salam, qui distribue des repas aux exilés présents dans le Dunkerquois, évalue entre 1 500 et 2 000 le nombre de personnes dans cette zone actuellement.

«Les tensions empirent depuis plusieurs semaines»

«Les tensions empirent depuis plusieurs semaines. Il y a plus de 1 000 personnes sur les campements et tout devient extrêmement dur pour l’accès aux soins, la nourriture», a déploré Salomé, l’une des coordinatrices de l’association Utopia 56 sur le littoral, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Elle pointe aussi les «démantèlements hebdomadaires» des campements dans cette zone.

Les tentatives de traversées de la Manche par des migrants sur de petites embarcations ont été nombreuses ces derniers jours à la faveur d’une météo propice. Selon le décompte des autorités britanniques, 919 migrants ont traversé la Manche vendredi, sur 14 embarcations. Ces traversées périlleuses ont coûté la vie à au moins 15 personnes depuis le début de l’année.

Mise à jour à 11 h 55 avec des éléments du parquet de Dunkerque