Les froissements monotones des pages tournées s’enchaînent. Quand on a demandé à Jean Chiarri l’origine du timbre Marianne, on ne pensait pas que l’octogénaire habitant la bourgade varoise de Vézénobres lancerait une fouille archéologique, armé de sa quinzaine d’albums de collection. A l’autre bout du fil, on écoute ce philatéliste, secrétaire de l’association locale, enchaîner : «En 1997, on passe à la Marianne de Luquet. […] Puis en 2008, c’est la Marianne de Beaujard.» L’exposé dure trente minutes, ponctuées de «que le temps passe vite». Vite, c’est peu dire. A compter du 1er janvier 2023, le célèbre rectangle rouge utilisé pour les courriers prioritaires fera ses adieux au profit d’un système dématérialisé. Et la réaction de Jean Chiarri désarçonne : «Ça m’fait pas grand-chose.»
Il faut dire que pour ce philatéliste adepte de pièces rares, «la Marianne» fait office de kit pour débutant. Son compère et président de son association philatélique de Vézénobres, Christian Cariou, confirme : «Ce sont les planches de timbres que l’on offre aux enfants tellement elles sont répandues.» Le postier retraité de 65 ans en a d’ailleurs vu des milliers recouvrir lettres et colis de ses cargaisons autrefois. «Mais maintenant il y a de moins en moins de trafic»,