Ils ont tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. «Votre sœur, qui est actuellement au Japon […], n’a pas donné de nouvelles à l’hôtel où elle résidait depuis quelques jours», a reçu Damien Véron le 1er août 2018 sur sa messagerie Facebook. Le texte lapidaire était signé d’un représentant de l’ambassade de France à Tokyo – et ça n’avait pas de sens.

Il n’y avait aucune raison valable au silence de Tiphaine. La jeune femme de 36 ans communiquait jusque là non-stop avec sa mère, ses deux frères et sa sœur, des dizaines de fois par jour sur WhatsApp. Elle envoyait des messages, des petites vidéos. Des nouvelles, justement. Son épilepsie était sous contrôle et elle était si heureuse de ces trois semaines de vacances qui démarraient à peine, préparées de longue date avec une minutie folle. Elle avait tout calé au cordeau. Itinéraire, réservations d’hôtels, musées qu’elle souhaitait visiter. La jeune auxiliaire de vie apaisait ainsi les appréhensions de son entourage : «Ne vous inquiétez pas, le Japon est le pays le plus sûr au monde !» Le voyage démarrait comme sur des roulettes. Et puis, plus rien.

C’était il y a sept ans. Depuis, Tiphaine Véron n’a donné aucune nouvelle à quiconque, comme évaporée une matinée de la fin juillet, dans un hôtel sans âme et sans charme de Nikko, ses temples, ses sanctuaires et ses 12 millions de touristes par an, encastrée dans la nature à 150 kilomètres au nord de la capitale japonaise. Aperçue une dernière fois à 8h41 le 29