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Reportage

Dix ans après la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, «l’opportunité de vivre en pensant collectivement»

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Notre-Dame-des-Landes, l'aéroport enterrédossier
Plus de 300 personnes sont venues samedi célébrer l’anniversaire de l’échec de l’opération César, lancée à l’automne 2012. Au milieu des festivités, ceux qui ont vécu les semaines de lutte contre le projet d’aéroport se remémorent des souvenirs parfois douloureux.
Samedi à Notre-Dame-des-Landes, une jarre a été remplie pour symboliser nos destins mêlés des participants à la ZAD. (Theophile Trossat/Libération)
par Margo Magny, Envoyée spéciale à Notre-Dames-des-Landes (Loire-Atlantique)
publié le 20 novembre 2022 à 11h42

«Ici, c’était sens dessus dessous, la route était complètement barrée.» Au «carrefour de la Saulce», au cœur de l’ancienne ZAD de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), Yves se souvient de l’opération César «comme si c’était hier». Le 16 octobre 2012, le gouvernement ordonnait aux forces de l’ordre de démanteler le lieu occupé par les opposants à la construction d’un nouvel aéroport à Nantes (Loire-Atlantique). Mais après un mois et demi d’affrontements entre CRS, gendarmes mobiles et zadistes, l’opération se soldait par un échec. Alors, samedi, Yves est venu pour célébrer l’anniversaire d’un tournant dans la lutte : «Ça n’a pas toujours été simple, mais quand on voit que ce lieu est toujours habité par 200 personnes, c’est beau», sourit le septuagénaire.

Emmitouflé dans une polaire et un bonnet, l’ancien banquier se replonge dans ses souvenirs. S’il est toujours engagé dans le mouvement «NDDL poursuivre ensemble», créé en 2018, il ne serait «plus capable de dormir dans le froid d’une tente», comme il l’a fait deux jours par semaine pendant des mois. Après l’annonce de la fin de l’opération César le 24 novembre 2012 par le Premier ministre de l’époque Jean-Marc Ayrault, les forces de l’ordre ont occupé la ZAD pendant plusieurs mois. Mais un matin, Yves n’a aperçu aucun des CRS habituellement postés au carrefour de la Saulce : «C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’on avait gagné», se souvient-il.

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