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Libération
Retour au fluide

Douvres-Calais: une semaine après le chaos au port, retour au business as usual

Après l’embouteillage du week-end dernier qui a viré à la polémique entre la France et le Royaume-Uni, le chassé-croisé estival s’est déroulé sans heurts ce samedi à Calais.
Le Spirit of Britain et le Pride of Canterbury, deux ferries assurant la liaison entre Douvres et Calais. (PA Photos/PA Photos. Abaca)
publié le 30 juillet 2022 à 20h01

Dernier samedi de juillet au port de Calais. Un samedi de chassé-croisé de l’été qui file en toute tranquillité. Rien à voir avec l’agitation au port de Douvres, une semaine plus tôt. Dès le vendredi 22 juillet, d’immenses embouteillages avaient obligé les Anglais à patienter plusieurs heures à Douvres avant de pouvoir embarquer vers la France. Le port anglais et les autorités britanniques avaient accusé les Français de ruiner les vacances de leurs compatriotes.

Au milieu de ce week-end de pagaille, le préfet des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc, s’était exprimé dans une conférence de presse pour répondre aux Britanniques. Ce dernier avait alors admis un retard dans la prise de poste de plusieurs renforts d’agents de la police aux frontières, prévus pour ce qui était le premier véritable grand départ en vacances côté anglais.

«Ça va aller très vite !»

Au passage, le préfet avait rappelé l’obligation de faire tamponner chaque passeport pour circuler entre les deux pays depuis la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni. Autrement dit : le Brexit ralentit aussi le passage de la frontière.

«Avant le Brexit, il y avait déjà des contrôles de la police française et de la police anglaise. Les formalités étaient moindres. Aujourd’hui, elles sont un peu plus compliquées, surtout pour les poids lourds… Pour les passagers, le Brexit n’a pas changé grand chose», tempère Jean-Marc Puissesseau, président directeur général du port Calais-Boulogne.

Du haut du belvédère public du nouveau siège du port Calais-Boulogne, la vue sur le trafic est panoramique. Jean-Marc Puissesseau raconte ce nouveau port qu’il a imaginé dès 2003 et dont il s’apprête à quitter la direction mi-août. Sur sa gauche, il pointe le Côte d’Opale, un navire de la compagnie danoise DFDS qui débarque. «Vous allez voir, ça va aller très vite !» Il est 9 h 50, des dizaines de voitures, volants à droite et coffres sur le toit, déboulent sur les routes du port pour rejoindre l’A25, l’autoroute dite des Anglais, et se diriger vers le sud. «Les Anglais étaient pressés de venir, ça fait tellement longtemps qu’ils en étaient empêchés», sourit le PDG du port.

Alors, pas question pour les deux pays de rater un nouveau week-end estival. Rapidement, l’affrontement a laissé la place à une réflexion sur la coopération entre les deux pays, pour éviter que l’épisode de Douvres ne se reproduise. Chacun se promettant de s’assurer du bon dimensionnement de ses effectifs de police. «Malgré les réunions et les excellentes relations des uns et des autres, il peut toujours y avoir des bugs. Il faut absolument une parfaite synchronisation et que le bon nombre d’aubettes soient ouvertes, sinon c’est le chaos», pose Jean-Marc Puissesseau.

Lignes parallèles

En contrebas, ces fameuses cabines de contrôle, qui ouvrent et ferment en fonction de l’affluence, forment trois lignes parallèles ressemblant à des péages successifs. Les camions, moins nombreux le week-end, prennent les voies de droite. Les voitures glissent vers la gauche. Il faut d’abord présenter ses billets au guichet d’une des trois compagnies de ferries. Puis montrer patte blanche aux polices aux frontières française puis anglaise.

«On a beaucoup de place ici. Il n’y a pas de raison que ça ralentisse», estime le président Puissesseau. A condition donc que les employés des compagnies maritimes et que les policiers français et anglais soient en nombre suffisant pour assurer un passage fluide de la frontière, à chaque point de contrôle. Pour ce samedi, tout le monde semble avoir pris ses responsabilités : dans le sens des départs comme des arrivées, tout roule.