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Libération
Fin de vie

Droit à l’aide à mourir : le ministre de la Santé Yannick Neuder n’est «pas certain» qu’il l’aurait voté comme député

L’ancien élu de droite et cardiologue a aussi déclaré ce mercredi 28 mai «ne pas savoir» si la proposition de loi adoptée la veille par l’Assemblée nationale «est un progrès».
Yannick Neuder à l'Assemblée nationale, le 21 mai 2025. (Thibaud Moritz/AFP)
publié le 28 mai 2025 à 10h34

A l’image de François Bayrou qui se serait abstenu, le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder a déclaré ce mercredi 28 mai qu’il n’était «pas certain» qu’il aurait voté la création d’une aide à mourir s’il était encore député LR et a plaidé pour «continuer à travailler» au Sénat pour renforcer les «garde-fous».

Au lendemain du vote de l’Assemblée nationale en première lecture en faveur de la création d’un «droit à l’aide à mourir», avec 305 voix pour et 199 contre, le ministre a déclaré sur France Info qu’il «ne sai (t) pas si c’est un progrès» et ne «pas être certain» qu’il aurait voté cette proposition de loi comme député.

Yannick Neuder s’est encore dit «pas complètement prêt à faire faire ce saut sociétal vers l’aide active à mourir», martelant qu’«il ne faut pas que l’aide active à mourir soit une solution parce qu’il n’y a pas de soins palliatifs, ou parce qu’il y a de la difficulté d’accès aux soins».

«J’aurais préféré qu’il y ait une distance entre les deux textes», la proposition de loi sur les soins palliatifs et celle sur l’aide à mourir, a-t-il ajouté, considérant que «quand un patient est pris correctement en charge par les soins palliatifs, il n’y a pas la même demande d’aide à mourir».

«Une position juste, équilibrée et humaine»

L’aide à mourir, «c’est un sujet sur lequel on doit continuer de travailler […] le texte va partir au Sénat et, derrière, il faut une position juste, équilibrée et humaine», a ajouté le ministre, souhaitant une définition des critères «extrêmement robuste» et «des gardes fous importants pour les soignants».

Outre le respect de «la clause de conscience et du volontariat des soignants» qui pourront injecter le produit létal si le malade en fin de vie éligible n’est pas en capacité de le faire, il a appelé à «renforcer la collégialité de la décision» médicale d’accorder ou pas le droit à l’aide à mourir.

«Attention au délit d’entrave, qui peut aussi éloigner des soignants s’ils se sentent en danger juridique», a aussi prévenu ce cardiologue de profession.

Par ailleurs, la proposition de loi sur l’aide à mourir votée hier «n’accélère pas les rendez-vous pour les prises en charge de centres de douleur et il reste une difficulté d’accès aux soins».

Quant aux soins palliatifs, le manque de structures «n’est pas uniquement un problème de moyens», a insisté le ministre, rappelant qu’«il n’y a pas les soignants pour ouvrir suffisamment d’unités de soins palliatifs» et évoquant son «plan de bataille» global pour en former davantage.