Un constat insupportable : «une femme sur huit ont subi un viol ou une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans», selon l’Unicef. Dans les conclusions de son rapport international sur ces violences, publié ce jeudi 10 octobre, le Fonds des Nations unies pour l’enfance établit que plus de 370 millions de filles et de femmes dans le monde ont été victimes de viols ou d’agressions sexuelles pendant leur enfance ou leur adolescence. Et même plus largement, «si l’on inclut les formes de violence sexuelle [sans contact], telles que les agressions verbales en ligne, le nombre de filles et de femmes touchées s’élève à 650 millions dans le monde, soit une sur cinq», s’alarme l’Unicef. Pour sa directrice Catherine Russell : «La violence sexuelle à l’encontre des enfants est une atteinte insupportable à notre conscience collective.»
Ces agressions et ces viols «provoquent des traumatismes profonds et durables, et sont souvent infligés par une personne de confiance, dans des environnements où l’enfant devrait se sentir en sécurité», a dénoncé la responsable onusienne. Ces «toutes premières estimations mondiales et régionales sur la violence sexuelle à l’encontre des enfants» sont dévoilées à la veille du 11 octobre, la «Journée internationale de la fille» des Nations unies.
Entretien
L’Unicef s’émeut de «l’ampleur alarmante» de ces violences «à l’échelle mondiale», en particulier contre les adolescentes. En effet, ces violences sexuelles ne connaissent pas de frontières géographiques, culturelles ou économiques. La situation en Afrique le démontre : la région subsaharienne compte le plus grand nombre de victimes, environ 79 millions de filles et de jeunes femmes sont touchées par ces agressions, soit 22 % de sa population. En Asie de l’Est et du Sud-Est, l’Unicef a estimé 75 millions de victimes, soit 8 % de la population.
Ensuite, 73 millions de victimes en Asie centrale et du Sud sont dénombrées, qui correspond à 9 % de la population. En Europe et en Amérique du Nord, elles sont 68 millions de victimes, soit 14 % de la population. L’Amérique latine et les Caraïbes compteraient 45 millions de jeunes filles agressées, soit 18 %. Elles sont estimées à 29 millions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, donc 15 % de la population et enfin l’Océanie en dénombre 6 millions, soit 34 % des habitants. D’autre part, l’Unicef pointe du doigt les guerres ainsi que les crises économiques et sociales, qui favorisent les agressions contre les filles. Catherine Russell a fait le constat de «violences sexuelles atroces dans les zones de conflit, où le viol et la violence sexiste sont souvent utilisés comme armes de guerre».