Massiagbe, 17 mois, remonte d’un pas décidé l’allée principale d’une salle au troisième sous-sol de l’Assemblée nationale, avant de prendre la tétée de midi. La petite fille et sa mère, Meité, 41 ans, font partie d’un public peu habitué à fréquenter le Palais-Bourbon : en ce 8 mars, des dizaines de mères célibataires sont venues, parfois avec enfants et poussettes, examiner une proposition de loi visant à lutter contre la précarité des familles monoparentales. Pendant près de trois heures, des mères isolées se sont exprimées face à trois députés auteurs du texte : le socialiste Philippe Brun, la députée LFI Sarah Legrain et le député Liot Stéphane Lenormand.
«Une situation révélatrice de ce qui ne va pas»
Pensée par un groupe de travail transpartisan composé de parlementaires de tous bords politiques – à l’exception du RN –, la proposition de loi se veut ambitieuse. Une fois finalisée, elle abordera tout ce qui fait des familles monoparentales une catégorie de population particulièrement précaire et vulnérable : absence de statut spécifique et de tarifications adaptées, politique fiscale délétère, prestations sociales insuffisantes, problèmes d’accès au logement, à l’emploi, à des modes de garde… Les freins socio-économiques sont nombreux pour ces familles, qui représentent 25 % des foyers en France, avec 82 % de mères à leur tête. Leur détresse sociale est hors de proportion : 41 % des mineurs résidant au sein de familles monoparentales v