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Libération
Enquête judiciaire

A Marseille, une enseignante d’un conservatoire visée par des plaintes pour agressions sexuelles et viol

Violences sexuellesdossier
Trois adultes ont déposé des plaintes pour agressions sexuelles et une pour viol à l’encontre d’une professeure de chant du conservatoire Pierre-Barbizet de Marseille. L’accusée nie les faits, et est toujours en poste. Des enquêtes judiciaires et internes sont en cours.
Les faits dénoncés auraient eu lieu en 2020, 2021, 2022 et 2023. (Ludovic Marin /AFP)
publié le 19 décembre 2023 à 14h20

Des plaintes déposées, une professeure mise en cause qui nie mais rétablie dans ses fonctions… Le conservatoire Pierre-Barbizet de Marseille est le théâtre d’une affaire de violences sexistes et sexuelles visant une professeure de chant lyrique. L’affaire a été révélée par la Lettre du Musicien début octobre, avec une une plainte pour viol déposée par une élève, puis l’ouverture d’une enquête par le parquet de Marseille après une deuxième plainte déposée par la même personne, cette fois pour agression sexuelle.

Le média local Marsactu a pu s’entretenir avec la plaignante et son ex-petit ami. La jeune femme, tunisienne d’une trentaine d’années, accuse de la professeur de 57 ans de l’avoir violée, en février 2020, lors d’un cours particulier à son domicile. La mise en cause parle «d’affabulations». La plaignante affirme aussi qu’elle lui aurait touché les seins puis le sexe pendant une répétition début 2020. Là encore, la mise en cause dément : «Je ne l’ai jamais touchée comme ça et je ne touche jamais un élève sans avoir demandé l’autorisation au préalable.»

Suspendue puis réintégrée par le conservatoire

Le petit ami de l’époque de la plaignante témoigne aussi de SMS déplacés qu’elle aurait reçu de la part de l’enseignante. Cette dernière parle, dans la Lettre du Musicien, de «montage», affirmant avoir «montré aux personnes présentes lors de l’enquête administrative que l’on pouvait très facilement émettre de faux SMS».

Suspendue par le conservatoire du centre de Marseille le temps d’investigations internes menées en juin, la professeure de chant a été réintégrée, a révélé le Parisien lundi. Seule condition : elle ne peut exercer que les mardis et mercredis, jours où la plaignante n’est pas présente dans l’établissement. La direction affirme aussi avoir effectué un signalement auprès du parquet.

«Sentiment d’impunité»

Sauf qu’entre-temps, le dossier s’est alourdi avec une nouvelle plainte pour agression sexuelle, déposée cette fois par une réfugiée ukrainienne de 23 ans, le 8 décembre. Celle-ci évoque une claque sur les fesses lors d’un cours fin novembre. Puis, toujours selon le Parisien, un troisième élève, un homme d’une trentaine d’années, a lui aussi déposé plainte lundi matin, pour des attouchements et des fessées durant les cours de chant en 2021 et 2022. Des faits toujours niés par la professeure.

Maître Feste-Guidon, avocat des trois plaignants, s’est exprimé sur l’affaire au micro de RMC, ce mardi 19 décembre. Il fustige l’attitude de la direction de l’établissement qui «ne prend visiblement pas la mesure du problème. Qui, par ailleurs, entretient un sentiment d’impunité chez une agresseuse. […] Elle a été suspendue, puis réintégrée. Et un mois plus tard, elle agresse une nouvelle élève. Il y a un fort risque de réitération des faits. Mes clients ont l’impression que leur parole n’est pas prise en compte». Selon le conservatoire de Marseille, une nouvelle enquête interne est en cours.