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Libération
Reportage

A Villefranche-sur-Saône, le défilé traditionnel réservé aux hommes fait des vagues : «Quand tu es une femme de 20 ans, tu regardes»

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Ce dimanche 26 janvier, comme chaque année, la ville du Rhône a célébré la fête des conscrits, une commémoration du départ à la guerre héritée du Second Empire. A cette occasion, des centaines d’hommes paradent dans les rues lors d’un défilé dont sont exclues les femmes. Un collectif féministe local vient de porter plainte pour «discrimination sexiste».
Les hommes invités à défiler sont ceux qui fêtent leur 20 ans, ainsi que leurs congénères de 30, 40, 50, etc. (Bruno Amsellem/Libération)
par Théo Mouraby, envoyé spécial à Villefranche-sur-Saône
publié le 26 janvier 2025 à 21h07

Des grappes d’hommes étrangement vêtus tanguent de gauche à droite, puis de droite à gauche, sur le pavé de la rue Nationale de Villefranche-sur-Saône. Il est 11 heures, ce dimanche 26 janvier, et bien que certains paraissent un peu éméchés, ils ne sortent pas tous de la même soirée : c’est «la vague», le défilé traditionnel de la fête des conscrits. La célébration a lieu chaque année, le dernier dimanche de janvier, et rassemble des milliers de personnes dans les rues de la sous-préfecture du Rhône, à quarante minutes de Lyon. Mais cette année, un sujet s’est mêlé à l’événement : la plainte déposée par un collectif féministe pour «discrimination sexiste» contre les organisateurs et la ville. Car oui, «c’est la tradition», les femmes n’ont pas le droit de défiler avec leurs homologues masculins dans la fameuse vague. Une tradition reconnue depuis 2020 au patrimoine immatériel français par le ministère de la Culture.

A 10 heures, avant le départ du défilé, le collectif féministe Nouvelle Vague s’est réuni avec ses soutiens dans une rue adjacente pour une prise de parole. «Nous voulons une vague mixte, sans discrimination, ouverte à toutes et tous sans conditions, déclarent-elles au micro. La fête des conscrits représente une forme d’organisation où l’homme détient le pouvoir et occupe une position dominante… On appelle cela le patriarcat.» Le collectif, qui demande depuis quatre ans une évolution de la tradition, a décidé d’