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#MeToo

«A votre avis, ça encouragera les victimes à dénoncer les violences ?» Judith Godrèche s’indigne après sa mise en examen pour diffamation envers Jacques Doillon

La comédienne a annoncé ce mercredi 10 septembre sur Instagram sa mise en examen. La plainte qu’elle avait déposée, accusant le cinéaste de l’avoir violée quand elle avait 15 ans, s’était heurtée à la prescription.

Judith Godrèche, à Cannes, en 2024. (Valery Hache/AFP)
Publié le 10/09/2025 à 19h21

Une justice à deux vitesses, c’est ce que dénonce Judith Godrèche. La comédienne, fer de lance du mouvement #MeToo en France, s’est indignée ce mercredi 10 septembre après sa mise en examen pour diffamation envers le cinéaste Jacques Doillon, qu’elle accuse de l’avoir violée quand elle avait 15 ans.

Annonçant sa mise en examen dans une publication Instagram, la comédienne de 53 ans a mis en parallèle la plainte qu’elle a déposée pour viol début 2024 et la procédure qui la vise pour avoir écrit sur Instagram que Doillon avait pour spécialité de tourner avec des enfants «avec qui il couche».

«D’un côté, ma plainte contre lui se heurte à la prescription. De l’autre, pour sa plainte contre moi, la justice ne perd pas de temps», déplore-t-elle avant de lancer : «A votre avis, ça encouragera les victimes à dénoncer les violences qu’elles ont subies, ou ça les dissuadera ?».

En matière de diffamation, la mise en examen de la personne visée par une plainte est automatique et ne résulte pas, comme dans une procédure pénale classique, d’une enquête ayant mis au jour des «indices graves et concordants».

«Inversion de la charge victimaire»

Après la plainte de Judith Godrèche, suivie par celles de trois autres personnes, une enquête avait été ouverte et Jacques Doillon avait été placé fin 2024 sous le statut intermédiaire de témoin assisté. Le cinéaste de 81 ans, figure du cinéma d’auteur, conteste les faits.

Sur Instagram, Judith Godrèche dit toutefois attendre avec impatience le procès en diffamation, qui aura lieu sauf désistement de Doillon : «J’ai hâte de venir expliquer la vérité de son comportement.»

Le recours à des plaintes pour diffamation dans des dossiers de violences sexuelles a déjà été dénoncé par de nombreuses plaignantes comme un moyen «d’intimidation».

Le 6 septembre, un collectif de journalistes s’est ému de la mise en examen de la journaliste sportive Marie Portolano à la suite d’une plainte pour diffamation déposée par le chroniqueur Pierre Ménès, après la parution d’un livre où elle relatait une agression sexuelle sur le plateau de Canal + en 2016.

Selon le collectif, la plainte en diffamation provoque «une inversion de la charge victimaire : au lieu d’entendre la parole d’une femme qui dénonce des violences patriarcales, c’est elle qui se trouve en position d’être attaquée en justice».