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Reportage

Accès à l’avortement en Aveyron : «Il y a la loi d’un côté, la réalité de l’autre»

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Faute de personnels et de transports publics, l’accès à l’avortement au-delà de douze semaines n’est pas garanti en Aveyron. Des obstacles qui fragilisent des femmes déjà précaires et isolées.
En Aveyron, aucun des trois centres hospitaliers n’est aujourd’hui en capacité de garantir l’accès à une IVG jusqu’à la 14e semaine de grossesse. (Florence Levillain / Signatures )
par Lola Cros
publié le 4 mars 2024 à 16h51

«Quand je pense à cette fille mineure que j’ai accompagnée quatre fois de Millau à Montpellier pour lui permettre d’avorter, je ne peux pas m’enlever l’idée que nous ne sommes pas égales», témoigne Manon, 28 ans, bénévole au Planning familial. Quatre allers-retours à Montpellier, 900 km cumulés, plus les trois jours d’hospitalisation qui ont suivi l’intervention chirurgicale et pendant lesquels il faut rester au chevet de la jeune femme. «Si l’avortement avait été accessible à Millau, tout aurait été différent», assure Manon qui peine désormais à se dégager autant de temps bénévole.

En Aveyron, aucun des trois centres hospitaliers n’est aujourd’hui en capacité de garantir l’accès à une IVG jusqu’à la 14e semaine de grossesse. Sur le département, seules deux médecins et huit sages-femmes conventionnées accompagnent les IVG médicamenteuses (jusqu’à sept semaines). Les IVG chirurgicales sont assurées par les hôpitaux de Rodez, Millau et Villefranche-de-Rouergue jusqu’à douze semaines, soit l’ancien délai légal, qui a été allongé à quatorze semaines depuis mars 2022. «La réalité, c’est que les équipes n’ont pas été formées, ne sont pas psychologiquement accompagnées ni matériellement équipées pour réaliser ce geste qui, à quatorze semaines, doit considérer un fœtus plus formé