«Quand je pense à cette fille mineure que j’ai accompagnée quatre fois de Millau à Montpellier pour lui permettre d’avorter, je ne peux pas m’enlever l’idée que nous ne sommes pas égales», témoigne Manon, 28 ans, bénévole au Planning familial. Quatre allers-retours à Montpellier, 900 km cumulés, plus les trois jours d’hospitalisation qui ont suivi l’intervention chirurgicale et pendant lesquels il faut rester au chevet de la jeune femme. «Si l’avortement avait été accessible à Millau, tout aurait été différent», assure Manon qui peine désormais à se dégager autant de temps bénévole.
En Aveyron, aucun des trois centres hospitaliers n’est aujourd’hui en capacité de garantir l’accès à une IVG jusqu’à la 14e semaine de grossesse. Sur le département, seules deux médecins et huit sages-femmes conventionnées accompagnent les IVG médicamenteuses (jusqu’à sept semaines). Les IVG chirurgicales sont assurées par les hôpitaux de Rodez, Millau et Villefranche-de-Rouergue jusqu’à douze semaines, soit l’ancien délai légal, qui a été allongé à quatorze semaines depuis mars 2022. «La réalité, c’est que les équipes n’ont pas été formées, ne sont pas psychologiquement accompagnées ni matériellement équipées pour réaliser ce geste qui, à quatorze semaines, doit considérer un fœtus plus formé