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Subventions

Accompagnement de victimes de violences conjugales : des associations sous-dotées et débordées

Souffrant d’un manque criant de moyens, les acteurs associatifs doivent jongler entre l’aide aux victimes, leur cœur de métier et la recherche constante de financements, nécessaire à la pérennité de leurs actions.
Le bond des demandes d’accompagnement ne s’est pas accompagné d’une augmentation suffisante des subventions. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 25 septembre 2023 à 6h45

La «malédiction #MeToo». C’est ainsi que la Fondation des femmes nomme dans le rapport publié ce lundi 25 septembre cette décorrélation flagrante entre les besoins, la communication du gouvernement (grande cause du quinquennat renouvelée) et la réalité de ce qui est investi pour les violences faites aux femmes.

«Les associations appelaient de leurs vœux depuis toujours ce sursaut de la population mais sont totalement débordées», pointe Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation. Comme le révélait Libération début septembre, le bond des demandes d’accompagnement ne s’est pas accompagné d’une augmentation suffisante des subventions.

«Le montant le plus bas depuis 2011»

Les associations sont à bout de souffle, certaines au bord de la faillite, tandis que d’autres ferment des places d’hébergement d’urgence pour éviter un redressement judiciaire. «Le numéro vert Viol Femmes Informations [0.800.05.95.95, ndlr] a répondu à 84% d’appels en plus quand leurs subventions n’ont augmenté que de 15% en cinq ans», pointe le rapport de la Fondation des femmes. Cela représente 62 euros par victime écoutée pour le Collectif Féministe Contre le Viol. «Le montant le plus bas depuis a minima 2011.»

Anne-Cécile Mailfert ajoute : «Pour un accueil de jour spécialisé, l’Etat donne environ 30 000 euros par an, l’équivalent d’un poste de travail à temps plein pour avoir une permanence ouverte au moins cinq jours sur sept.» Face à ces besoins non couverts, les associations sont encore contraintes de compter sur un bénévolat important.

Quinze demandes par an

L’Etat ne souhaitant pas être l’unique pourvoyeur de ces dispositifs, les sources de financements sont morcelées, obligeant ces petites équipes de salariées à jongler «entre leur mission d’accompagnement et la recherche continue de financements souvent au détriment des femmes victimes», est-il écrit. Une enquête réalisée par le Centre Hubertine-Auclert, qui lutte contre les inégalités hommes-femmes, démontre que les associations franciliennes adhérentes déposent 15 demandes de financement en moyenne par an.

Parmi eux, les fonds obtenus sur des appels à projets (de plus en plus nombreux pour inciter à créer des dispositifs innovants) ne sont pas eux pas toujours pérennisés d’une année sur l’autre et mettent en concurrence des structures ayant toutes besoin de soutien. Le travail social effectué par ces professionnelles est, lui, peu valorisé. Preuve en est l’absence de revalorisation de ces travailleuses durant la crise sanitaire malgré une explosion des violences intrafamiliales.