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Accusation de violences conjugales : le directeur de Sciences-Po Mathias Vicherat propose sa «mise en retrait provisoire»

Après une semaine de polémiques et d’actions de blocage de la part d’étudiants de la Rue Saint-Guillaume qui réclament sa démission, le directeur de Sciences-Po a finalement annoncé ce lundi 11 décembre qu’il se mettait en retrait de sa fonction.
Blocage de Sciences-Po jeudi 7 décembre contre le directeur, Mathias Vicherat. (Denis Allard/Libération)
publié le 11 décembre 2023 à 9h29
(mis à jour le 11 décembre 2023 à 10h50)

Le directeur de Sciences-Po Mathias Vicherat, entendu récemment par la police dans une affaire de violences conjugales, a annoncé avoir «proposé à la présidente de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), Laurence Bertrand Dorléac» ce lundi 11 décembre sa «mise en retrait provisoire», dans un message adressé à toute l’école et transmis à Libération. Une annonce «insuffisante et tardive», a réagi dans la foulée via un communiqué l’Union étudiante de l’Institut d’études politiques (IEP), mais qui «confirme que la position tenue [par le collectif] depuis lundi dernier était la bonne».

«Mathias Vicherat ne pouvait pas, étant donné la gravité des accusations portées contre lui, décemment demeurer à la tête de notre école. Nous regrettons cependant que, sans la mobilisation des étudiant·e·s et l’émoi légitime de toutes celles et ceux qui ont jugé impossible qu’il reste en poste, cette décision ne serait sans doute pas intervenue», poursuit le communiqué. Depuis sa garde à vue le 3 décembre pour des accusations de violences conjugales, il faisait l’objet d’une vive contestation de la part des jeunes de la rue Saint-Guillaume à Paris.

Un peu plus tard, Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, a adressé à son tour un email à la communauté étudiante et éducative de l’IEP, déclarant «prendre acte» de cette mise en retrait. Elle annonce qu’elle proposera les modalités et le calendrier de cette suspension mardi, devant le conseil de l’Institut et devant le Conseil Scientifiques, puis devant le Conseil d’administration de la FNSP mercredi, et le Comité social et économique jeudi. Ces trois réunions devant ces différentes instances étaient prévues de longue date dans le calendrier.

Dans un message adressé à toute l’école, tombé sur les boîtes mails vers 9 heures, le directeur de l’IEP a reconnu que «la fonction de direction expose plus que toute autre et, surtout, impose, plus qu’aucune autre, un devoir d’exemplarité». Inès Fontanelle, de l’Union étudiante Sciences-Po, salue «une bonne nouvelle», qui intervient néanmoins «trop tardivement». Elle enjoint Vicherat à aller plus loin : «Nous attendons désormais sa démission et la mise en place d’une nouvelle direction qui pourra engager un changement de cap, notamment en matière de lutte contre les VSS [violences sexistes et sexuelles, ndlr], et rétablir le lien de confiance avec la communauté étudiante.» Une assemblée générale doit toujours se tenir ce lundi, afin d’acter les suites de la mobilisation dans ce nouveau contexte, a-t-elle ajouté.

Mathias Vicherat et son ex-compagne Anissa Bonnefont qui s’accusaient réciproquement de violences conjugales, ont été placés en garde à vue le 3 décembre avant d’être remis en liberté le lendemain. Une enquête préliminaire a été ordonnée par le parquet de Paris. Dans le message adressé ce lundi à la communauté de Sciences-Po, Mathias Vicherat répète qu’il «conteste les actes de violence qui ont été rapportés par la presse et sur les réseaux sociaux». «Jamais et en aucune circonstance, je n’ai commis de tels actes. Je veux souligner qu’à l’issue de nos gardes à vue, aucune plainte n’a été déposée, nulle mesure de contrôle judiciaire ou d’éloignement n’a été prise», poursuit-il. Des étudiants de Sciences-Po ont occupé le bâtiment historique de cet établissement d’enseignement supérieur la semaine dernière, pour demander la démission de leur directeur.

Mis à jour à 9 heures 50 : avec plus de détails

Mis à jour à 10 heures 45 : avec la déclaration de Laurence Bertrand Dorléac