Alice Sarrat a un sens certain de l’accueil. A peine descendue de voiture, elle nous attache un bracelet brésilien de sa confection au poignet et annonce : on va au restaurant. Tous ensemble, avec ses parents et sa sœur jumelle, Léa. Alice demande d’où on arrive – de Paris, exprès pour la rencontrer –, si on compte prendre un dessert, nous parle de ses voyages, surtout le plus beau, à Tahiti. Le déjeuner avalé, nous voilà en tête à tête dans le salon de la maison familiale de Mèze (Hérault). Alice évoque son enfance, son passage par l’école ordinaire, puis par un institut médico-éducatif (IME). Son arrivée à l’établissement et service d’accompagnement par le travail (Esat) de la Pradelle, niché dans les Cévennes, en 2014, et l’atelier pâtisserie où elle aime préparer madeleines, croquants et amaretti.
Puis on évoque Benoît (1). L’attitude d’Alice change. La jeune femme de 28 ans aux yeux bleus perçants cesse de nous répondre frontalement : elle préfère ouvrir son cahier, écrire la date du jour, noter ce qu’elle a sur le cœur tout en le formulant à voix haute à mesure que la bille du stylo roule sur la page. Une habitude qu’elle a prise avec sa psy. «Benoît il me fait mal au Rhôde.» Le Rhôde, c’est le nom de l’unité pour adultes autistes où elle habite, au sein du foyer d’hébergement la Pradelle, à Saint-Jean-du-Gard (Gard), à quelques kilomètres de l’Esat qui l’emploie. L’endroit où Benoît l’aurait violée, par deux fois, en décembre 2023.
Lorsqu’elle aborde les faits au