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#MeToo

Affaire Depardieu : la chancellerie de la Légion d’honneur a bien ouvert une procédure disciplinaire

«Compte tenu de la nature» des propos de l’acteur diffusés dans l’émission «Complément d’enquête», l’institution a lancé une démarche pour remettre en cause son statut, révèle «Le Parisien» ce mardi 2 janvier.
Gérard Depardieu lors de sa remise de la Légion d'honneur, le 2 mai 1996. (Vincent Amalvy/AFP)
publié le 2 janvier 2024 à 21h06

La breloque de Gérard Depardieu semble bel et bien vaciller. Malgré les coups de menton d’Emmanuel Macron, la grande chancellerie de la Légion d’honneur a engagé fin décembre une procédure disciplinaire contre l’acteur, révèle ce mardi 2 janvier le Parisien. L’acteur est mis en examen pour viols, accusé d’agressions sexuelles, et est au cœur d’une polémique nationale depuis la diffusion de propos obscènes, dans l’émission Complément d’enquête du 7 décembre.

Dans un courrier consulté par le Parisien, signé du directeur de cabinet de la grande chancellerie de la Légion et adressé à l’avocat Emmanuel Ludot, qui avait alerté sur le respect de la présomption d’innocence, l’institution s’explique : «Compte tenu de la nature de ces propos, le grand chancelier a, conformément à l’article R 103 du Code de la Légion d’honneur, averti Monsieur Gérard Depardieu de l’ouverture d’une procédure disciplinaire. Conformément à ce même article, Monsieur Gérard Depardieu peut maintenant produire ses explications et sa défense au moyen d’un mémoire établi par lui-même ou son avocat.»

Après la diffusion du reportage de Complément d’enquête, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait dit le 15 décembre avoir «échangé avec le grand chancelier de la Légion d’honneur» et assurait qu’un conseil de l’ordre de l’institution devait se réunir pour «engager une procédure disciplinaire» et ainsi «décider si cette Légion d’honneur doit être suspendue ou pas, retirée complètement ou pas». Selon le Parisien, la procédure a été engagée peu après la déclaration de la ministre, d’après le courrier envoyé le 22 décembre.

Les propos de Rima Abdul Malak avaient semble-t-il déplu à Emmanuel Macron. Dans une interview accordée à C à vous le 20 décembre, le président de la République avait pris la défense de l’acteur, endossé les accusations – infondées – des médias bolloréens de reportage bidonné, et dénoncé une «chasse à l’homme» à l’encontre de Depardieu. Déjugeant sa ministre de la Culture, le chef de l’Etat avait ensuite balayé l’idée que la décoration puisse être retirée à l’acteur : «La Légion d’honneur est un ordre dont je suis le grand maître, qui n’est pas là pour faire la morale et ce n’est pas sur la base d’un reportage ou de telle ou telle chose qu’on enlève la Légion d’honneur à un artiste.»

Ce sera le conseil de l’ordre de la Légion d’honneur qui se réunira pour trancher sur le sujet. Et si ses seize membres venaient à se prononcer en faveur d’une suspension ou d’une expulsion de Gérard Depardieu, il reviendrait à Emmanuel Macron de valider cette décision, ou de défendre à nouveau l’inacceptable.